Chaque écrivant de l’atelier d'écriture les Baladantes a choisi de publier ses textes.
Cette démarche de se dévoiler un peu plus est un grand plaisir pour nous qui pouvons profiter des écrits.
Au fil de la plume, ateliers d'écriture par monts et par vaux
selon les humeurs, les balades et les rencontres
Chaque écrivant de l’atelier d'écriture les Baladantes a choisi de publier ses textes.
Cette démarche de se dévoiler un peu plus est un grand plaisir pour nous qui pouvons profiter des écrits.
5 au 10 août 2024
ANGELINA
Parler à son âme sœur + incipit : tu entres dans un monde
Tu entres dans un monde de fureur et de force où malgré sa puissance la montagne révèle ses failles, relâche ses surplus pierreux. Le temps inexorablement fait son œuvre, la rivière inexorablement suit son cours.
Ici rien ne les arrête, les bons sentiments et les faux semblants n’ont pas cours, seul le cœur dans sa détermination façonne son chemin. Ici la vie fait œuvre de transmutation, elle arrondit le tranchant, force les barrage, tour à tour rugit, bouillonne ou caresse et polit. Elle libère des enfermements, le cuivre et les fer colorent son flux sans haine.
Ne t’y trompe pas ici plus qu’ailleurs ce sont tes choix qui créeront ton expérience. Décides tu d’y plonger, d’aimer son onde puissante et glacée, de t’y fortifier. Acceptes tu d’être cette pierre qui roule et choisit d’instant en instant sa voie, ou regarderas tu du bord passer la vie en n’y trempant que l’orteil en te préservant de toute secousse.
T’écarteras tu pour être ce filet d’eau qui s’insinue entre les pierres , discret, quand il a besoin de paix, de douceur, loin du tumulte de l’existence. Choisiras tu l’ombre ou le soleil au risque de l’évaporation.
Rien n’est grave, rien ou plutôt tout meurt et se transforme.
Il existe des ponts entre les mondes.
La montagne s’est construite de sédimentation en sédimentation, et après ce passage qui semble si noir, écrasant, menaçant s’ouvre cette vie douce, chaleureuse, joyeuse.
Une multitude d’expériences nous attendent.
ANGELINA au mur aux ammonites
A chaque bronchite
de manière fortuite
je repoussais mes limites
et j’ignorais mes tendinites
pour aller me chercher des frites
chez la grosse bonite
elle n’était pas des plus bénites
elle multipliait les coïts
jusqu’à souffrir de vaginites et de cystite
Pour moi ce rite était de la dynamite
et je revenais chez moi appeler Edith
sauf les jours où elle avait une rhinite...
ANGELINA joue avec les mots
Quand je descendis au bord de la rivière je fus saisie.
la force de l'eau, le vert sombre des arbres, la chaleur écrasante m'attiraient autant qu'ils m'effrayaient .
Me glissant dans les remous de la rivière je me sentis secouée , étourdie tout autant que vibrante et vivifiée .
Face à la masse imposante de la montagne qui me paraissait infranchissable et à la furie du torrent, la sensation de danger , de violence me jetait dans un isolement impénétrable .
Heureusement contemplant le ciel , la lumière jouant avec les feuilles je retrouvais clarté, sérénité me sentant de nouveau abondamment vivante .
ANGELINA écrit à Alexandra David-Néel
Lettre à ADN
Chère Madame David Néel,
J’aimerais de mon humble place vous remerciez d’avoir ouvert tant de chemins pour l’humanité. Je crois profondément que chaque avancée personnelle bénéficie à tous, et vous avancez vite et loin. Il faut au monde des chefs de file de votre sorte, votre détermination , votre force , votre résistance face à l’adversité mais aussi votre esprit d’initiative, votre créativité a à n’en pas douter secoué au moins sur des plants subtils nos consciences endormies qui acceptent si facilement l’endoctrinement et l’asservissement . Vous êtes l’exemple que rien n’est impossible si l’on est déterminé . Vous avez cru en vos rêves, vous ne vous êtes jamais abandonnée , merci au nom de l'humanité mais plus spécifiquement au nom des femmes dont vous avez secoué le carcan . Vous avez prouvé au monde que nous n'étions pas de petites choses fragiles , irresponsables et méprisables . Vous avez participé à ouvrir la voie de notre liberté . Nous ne serons pas toutes des aventurières de votre trempe mais pouvoir être libre d'être nous mêmes chacune à notre place est inestimable.
Vous avez aussi contribué à n'en pas douter a sauvé le peuple tibétain de l'extermination . Le faire mieux connaître ainsi que sa culture et ses traditions a rendu plus visible le sort qui leur était destiné . Vous nous les avez rendus plus proches , plus concret, il n'était plus possible de les faire disparaître en silence et dans l'indifférence .
Je vous dois personnellement beaucoup et je ne doute pas que les graines que vous avez semées si abondamment ont permis à l'enfant que j'étais de traverser ses nombreuses épreuves sans jamais se perdre totalement tout en continuant à mon niveau à désherber le chemin de ma conscience.
Vous avez paraît-il très mauvais caractère sûrement conséquence directe de votre force et détermination qui vous font exécrer le tiède, je ne vous jetterai pas la pierre je m'y reconnais totalement .
Encore une fois je veux vous témoigner de ma gratitude pour moi pour nous.
Bien cordialement Madame David Néel, Vous que je n'ose pas appeler Alexandra
ANGELINA
Je m'appelle Sumat Kumara puissant parmi les puissants . je vivais dans les montagnes du Tibet . Un jour mon maître après un long silence me fit connaître ma mission future .
-Sumat ,me dit-il, tu vas bientôt franchir une fois de plus la vallée de l'ombre car nous avons besoin de toi dans des contrées lointaines, dans un temps lointain. Tu devras sauver notre savoir, nos coutumes, nous faire connaître, les rependre dans le monde. Tu ne reviendras pas avec tout ce que tu sais aujourd'hui, il te faudra le redécouvrir , traverser des épreuves, des obstacles, mais tu garderas ta force physique et morale , ta volonté de fer et surtout ton désir de nous retrouver. Tu ne seras pas seule , nous te suivrons depuis l'au delà et parsèmeront ton chemin de signes.
Acceptes-tu Sumat ?
- Bien sûr très honoré maître j'ai juré de consacrer ma vie à la connaissance ici ou dans l'au delà.
Bien des années plus tard….
Maintenant que j'ai rempli ma mission je peux le dire , ce fut difficile. Je suis revenu dans le corps d'une femme, dans un pays inconnu avec de drôles de comportements. J’ai dû commencer par me battre pour avoir le droit de disposer de ma propre existence. Les femmes n'étaient rien. Une chance mes amis de Lhassa m'avaient suivi et formaient une partie de mon entourage Et surtout mon ami de toujours devint mon mari. Dans cette nouvelle existence il accepta toujours ma liberté et fut une aide conséquente. Le Maître n'avait pas menti j'avais conservé intact mon désir de transcendance mon amour des grands espaces mon attirance pour l'Asie, de retrouver Lhassa. Pour ça je me lançais à corps perdu dans diverses études mais surtout quelle fut ma joie de commencer ce voyage retour vers mon Tibet. Ce corps de femme qui m'avait été imposé ne m'a jamais trahi. J'ai souvent admiré sa force, sa capacité de dépassement, sa créativité. Il a vraiment bien servi ma cause , m'a ouvert des portes . J’ai souvent intérieurement ri de l'inventivité de ces réactions, comme ce jour face aux brigands. Grâce à elle j'ai rempli ma mission, faire connaître mon pays notre spiritualité notre connaissance . Cela a rendu impossible un génocide invisible une extinction programmée de notre peuple bien au contraire nous avons rayonné sur toute la terre nul aujourd'hui ne peut nous ignorer ni nous oublier.
En ces temps là je me suis appelée Alexandra David Néel
ISABELLE DUFFAUD
Je me présente
Fille du Soleil et du Vent
J’ai été adoptée par la Terre en cette période particulière
Mes pieds reposent sur elle dans des mocassins d’indienne
Et pourtant…
Je viens de bien plus loin d’une étoile encore mal connue
Mes bras touchent les 4 directions
Et les ailes de ma conscience passion
Volent au-dessus des plus hautes montagnes himalayennes
Je suis hyène d’ailleurs
Et panda parfois
Corbeau et biche à la fois
Dauphin et baleine
Parce que psychopompe
Mille sourires éclairent mon visage polymorphe
auxquels répondent les vagues déferlantes de la création cosmique
Je peins la réalité comme elle me vient
Je dessine des soleils à volonté
Et des mondes et des rondes
Sur lesquels danse l’infini des possibles
Je répare les flèches mal lancées des humains
Je soigne leurs blessures d’âme et de sang
depuis mon Cœur béant
J’aime la Vie passionnément
Je suis l’Amour à l’origine
C’est-à-dire l’or des gènes
Je recouds les trous et retisse les liens des tissus décousus
Dans la trame du temps
Tout est en moi et je suis tout
Et quand je suis cela
Je disparais
Le moi ne laisse plus aucune trace
Seuls persistent
Le souffle du vent
Le souvenir du ciel
Le rappel du vivant
Le battement du Réel
Quand le Kasala fait du bien
MARIE-CLAIRE BARSOTTI
Je suis bon comme le pain, franc comme la lame, aussi courageux que le cadet d’une portée. Doux comme un derrière de bébé, ceux qui me connaissent me disent gentil et patient quand en vérité je dissimule ma timidité en armant ma fragilité d’un humour caustique. Franchement, j’assure !
Je vis grand, comme bon me semble, sans apologie. Après tout dans ce monde de Huns et de zéros, la mesure du succès n’est-elle pas sa capacité à rester libre ? Assurément je vous le dis, j’assure !
Remontant de la nuit noire du servage, ma lignée est composée de gens loyaux, besogneux et un peu con aussi. Mes ancêtres les culs-terreux m’ont, depuis la glaise collée à leurs doigts, façonnés petit et rond néanmoins parfaitement proportionné.
« Petit, mais malin » dit mon épouse, franchement j’assure !
Mes parents qui souhaitaient si ardemment que je suive sur leurs traces étaient tous les deux profs – de math tous les deux – et moi, je suis là à gribouiller, aujourd’hui, des louanges demi-sel dans un cahier. Franchement j’assure carrément !!
Écrire en cinq phrases la louange de la personne assise à côté de vous:
Marjorie, jolie, secrète accueillante,
Comme la harpe souple tu te veux vibrante,
Facile, simple et intime notre conversation,
Au-dessus de nos têtes un vol d’avion,
Dans mon âme, une chebakia au miel.
Un baiser mais tout à prendre qu'est ce que c'est ?
Baisers doux, tendresse
Ardente, des
Instants enveloppés de
Sourires et de danses, comblés d'
Etreintes et de
Rêves d'une éternelle romance
DOM HEIL
Mon destin contrarié !
Finir ma vie dans la gadoue d’une brocante !
Qui aurait pu l’imaginer ?
Surtout pas moi !
Je m’appelle Nénée, et ma copine Petitpois .
Nous avons vécu dans la soie et la délicatesse.
Nous sommes nées a Calais, pays de la dentelle où de petites mains délicates ont façonné nos
bonnets et bretelles . Puis très vite nous avons été expédiées vers un grand magasin parisien
appelé BONMARCHÉ.
Bon marché ce n’était pas vraiment notre cas !
Les clientes luxueuses naviguaient avec délice dans les rayons super décorés.
Très vite , l’égérie de Jean Paul Gaultier, Marina, nous a remarquées et achetées pour un prix
bonbon !
Et donc très vite nous avons rejoint la place Saint Sulpice où Marina vivait dans son superbe
appartement.
Sa poitrine opulente mettait en valeur nos bonnets généreux ! Et chaque soir nous partions
danser chez Castel ou Regine .
Marina avait un sex appeal tres excitant! Nous nous retrouvions fréquemment sous les baisers
brulants de ses jeunes et fougueux amants. Nous nous sommes mises à fréquenter les plus belles
moquettes de Paris , jetées par passion lors des ébats des jeunes amoureux.
C’était excitant ! Un peu fatiguant, il faut l’avouer
Cette vie a duré plusieurs années...Et puis soudainement Marina a décidé que nous n’étions plus
ses favorites, et que les seins nus étaient plus sexy .
Alors notre descente aux enfers a commencé...
Paloma, la femme de menage nous a embarquées dans un vieux sac plastique.Nous nous tenions
serrées l’une contre l’autre.
On a espéré que Paloma nous garderait , mais c’était sans compter sur son jaloux de mari ,qui
outré par notre arrogance , a vite fait un paquet et l’a adressé a son cousin Robert qui chaque
dimanche tient un stand sur ce vide grenier pourri.
Nous sommes donc là, glacées, en attente d’adoption, ou plutôt en attente des 2 euros que vous
voudriez bien tendre à ce vieux tyran !
Je vous assure nous pourrions vous rendre de grands services dans votre démarche amoureuse !
Je vous en prie faites confiance a notre expérience !
Nénée et Petitpois
Les égarées de Saint Sulpice
Chez CathA et Bert de ArtEscape
CLAUDINE LECLERC
Une potion exceptionnelle au MONT MÉZENC - AOUT 2023
Dans un paysage nu et dépouillé, vivait une vieille femme seule. Elle ne craignait ni la solitude, ni le froid.
Sa petite maison de granit au toit de lauzes lui offrait un abri sûr.
Face au Mont Mézenc, ses ancêtres l’avait construite de leurs mains noueuses
Hortense travaillait dur.
Faire le plein de tourbe avant l’hiver, pour ne pas mourir de froid, n’était pas chose facile.
Les hivers sont rudes dans ces monts nus et polis comme le dos d’un éléphant.
La Burle, vent descendu des Alpes y souffle fort en décembre, janvier
Dans la grande cheminée, le chaudron où l’eau bouillait comme une machine à vapeur, on
approchait du cataclysme, l’eau allait déborder.
Hortense, devait préparer une potion (recette héritée de son arrière grand mère) qu’elle vendait au
pèlerinage de Saint Front , pèlerinage connu des célibataires dans toute l’Auvergne.
500 g de cristaires
1 kg de moules perlières
1 kg de plécoptères
500 g de crottes de castor
50 g d’éphermeroptères
Quelques écrevisses à pied blanc pour parfumer
Une fois bouillie pendant 15 heures, de petites fioles étaient remplies et étiquetées avec
précaution.
Les célibataires venus à Saint Front pour l’occasion s’arrachaient le précieux breuvage,
convaincus de son efficacité.
La réputation de la potion se transmettait de génération en génération.
Bien des unions se sont scellées grâce à Hortense.
Nadia SLIMTHOREAU
LA PEAU DU LAIT
Le Klaxon de la vieille LADA de Dantcheto fait vibrer tout le village. Elle bondit hors de sa voiture, avec dans les bras, trois grandes bouteilles de Coca remplie de bon lait fraichement trait. Baba Petka, ma grand-mère l’invite à entrer mais, si tôt livraison faite, si tôt repartie !
Je regarde le balancement du lait qui danse au rythme des pas de Babo.
Joie de savourer bientôt le meilleur yaourt du monde. Sur une échelle qui s’étendrait de la terre aux étoiles, ce yaourt rejoint la voie lactée, aussi bon qu’elle est belle vue du Sahara. Dans la cuisine d’été, Babo installe quatre grandes couvertures de laine, celles à carreaux verts et rouges qui me gratte partout quand elles glissent hors des draps. Elle dispose sur la table de la cuisine, les bocaux tous beaux, tout propres dans lesquels aura lieu la transformation alchimique du lait en yaourt. Puis, elle verse le précieux liquide blanc encore tiède dans une grande casserole et allume le feu.
Feu doux comme un agneau
Lac blanc, calme
Frémissements du bébé volcan au cœur du lait
La peau du lait se dévoile
Les bulles jaillissent
« Naninko, arrête le feu et appelle-moi quand tu pourras mettre ton petit doigt dans le lait sans te brûler. »
Être là
Attendre le refroidissement
Attendre le bon moment, le moment juste
Être là au rendez-vous de la métamorphose possible, fertile et joyeuse
Juste avant, ça brûle
Juste après, c’est trop tard
C’est long…
Quelques fourmis m’invitent à suivre leur caravane, m’emmènent dans la chaleur du désert, de l’autre côté de moi, loin là-bas dans l’infini.
L’odeur du lait
Oui le lait !
Je plonge mon petit doigt, ça brûle encore un peu.
J’attrape la peau du lait qui comme un mini fantôme au bout de mes doigts, traverse la maison, le jardin et atterri directement dans la bouche de Diado Stefan, mon grand-père adoré qui adore la peau du lait.
Moi, je n’aime pas bien ça.
Mon petit doigt dans le lait nage à présent comme un poisson dans l’eau
« BABO, c’est maintenant ! »
Ma grand-mère arrive, une grande louche à la main.
Les bocaux vides, bien alignés sur la table, attendent leur nourriture comme des oisillons affamés. Babo verse le lait à la « juste » température avec tellement de délicatesse que j’ai l’impression d’assister à la création d’un trésor. Aucun bocal n’échappe à son petit doigt vérificateur. Elle verse alors une cuillère de « Podkvassa », le ferment, et dépose un couvercle sur chaque bocal, en chuchotant comme si le lait pouvait l’entendre. C’est le moment d’envelopper les bocaux dans les grosses couvertures, comme des nouveaux nés chaudement emmitouflés.
Maintenant, il n’y a rien à faire d’autre qu’attendre
Encore attendre le moment juste
Environ quatre ou cinq heures pour le délice, c’est Babo qui décide.
Confiance
Métamorphose
La dégustation du Yaourt, pour plus tard…
Je quitte la cuisine
Mon frère, Assen, étincelle créative de jeux à la pelle, n’est jamais très loin et surtout, toujours prêt à jouer !
J’oublie l’alchimie
Ma Bulgarie a le goût de la liberté
D’être
Ateliers d’écriture - Les baladantes
février 2023 Auroville
SYLVIE, AUROVILLE
Nous partons de Christian Bobin l’homme joie, la plus que vive ; le tres haut le tres bas ; le muguet rouge
un texte de C Bobin est lu ;
noter les mots qui vous touchent : tissus – force- lumière- enchantée- nouveau venu -
souvenirs de tissus : moments en lien avec les tissus
liste de lien avec les tissus:
- Denise ma grand-mère couturière
- sa mère brodeuse
- vos nécessaires de mariage les torchons, les draps
- la couturière à Villeneuve sur lot avec maman : tissus pas ajustés aux formes
- toile de Jouy marché st Pierre
- tissus d’afrique mon frère
- voiles au vent
- tout ça avec maman beaux tissus
- au fil de l’Inde
- regret de ne pas avoir gardé ses vêtements
(Ma cousine tisse, papa pique et maman coud, de ma grand mère ne me reste que les tissus les napperons les quelques tissus)
Les tissus nous accompagnent toute notre vie; dès notre naissance, notre corps est enveloppé- douceur- finesse- voile-transparence- protection contre le froid– épaisseur- tissage – tisserand et avant Gandhi avec son rouet…. Filer la laine, le coton, tendre la trame et la chaine – relier tous les morceaux de soi, de vie, toutes les parties de la famille, les espaces occupés, les souvenirs, les maisons, les tissus sont là pour honorer le fil lumineux de la vie. Tenus ils ont pourtant la force- les liens enchantés- beaux tissus travaillés par les femmes et les hommes, brassés par leurs mains, foulés pour les rendre agréables, soyeux reflétant la lumière, endurant le torchon toujours la besogne ; ils sont beaux avec les 2 lignes rouges qui les cernent. Des scénettes se déroulent sur les toiles de Jouy qui évoquent des paysages champêtres ; le marché st Pierre en offre de multiples couleurs. Certains ont croisé les saris de l’Inde, univers différents, même matrice maternante. Ils volent au vent séchant sur les balcons ; ls se gonflent des courants d’air et retombent tout en souplesse- 6 mètres d’enchantement, tels des ailes qui me conduisent « au fil de l’Inde » découvrir ce sous continent puissant et doux comme un voile de coton safranée.
ATELIER D ECRITURE A UZES NOVEMBRE 2022
Uzès nous a accueilli les bras ouverts durant ce week-end d’automne et a suscité des textes hauts en couleur de la part des participants du stage organisé par Florence Guichard présidente de l’association les Baladantes.
La richesse du patrimoine, la beauté de la pierre , le marché du samedi, et la balade dans la Vallée de l’Eure ont été un enchantement. Voyager sur les traces de Gide Racine et Jean Louis Trintignant nous ont permis de vivre et revivre dans le temps passé, et nous ont entraînés vers des écrits forts créatifs . Merci à Uzès et à ses habitants ! Dom HEIL
Gérard Perrier, à Marseilleveyre, écrit sous les calcaires et les vents de la mer,14 novembre 2022.
UN REPAS PANTAGRUELIQUE de Gérard PERRIER
C’est le jour de l’an. De la cuisine de ma grand-mère Adelina
,piémontaise à Toulon, viennent les odeurs des oignons grillés avec
les tomates de l’été du jardin familial conservées dans les grands
bocaux de verre.
Moins enveloppantes mais bien présentes viennent les effluves de
la pâte de farine ,pétrie puis roulée pour faire les ravioli fermés à la
main ,les uns après les autres.S’ensuivent les ondes de chaleurs de
la friture des tranches de polenta de maïs, le plat national du
Piémont.
Le grand père Ercole dit Ricou puis Henri en français,n ‘a pas oublié
le vin rouge de sa cave sous-terraine, ni le vin mousseux de son
village ,l’ Asti Spumante.
L’assemblée conviviale lève les verres : « A l’an ché vèn e se sian pas
plus che sian pas mèn » en provençal . « A l’an nouveau et si nous
ne sommes pas plus nombreux que nous ne soyons pas moins
nombreux. » en français. Viennent les réjouissances des palais et
des cœurs ,exorcismes de la mort, agapé fraternelle. Plaisirs
pantagruéliques et foi dans la vie ensemble : les yeux brillent vers
les délices des sauces ,des arômes chaudes .Les papilles se
régalent.Le moine Rabelais a fait école à Montpellier et a écrit
contre les abstinences froides des ordres monastiques.
Gardons à l’esprit les anciennes et toujours actuelles célébrations
culinaires du monde Latin méditerranéen comme un refus joyeux
des restrictions punitives de tous les temps par les soi-disant
obligations économiques du marché-roi. Vivent les murmures
souriants des repas pantagruéliques !
ODE A L HUILE D’OLIVE de Gérard PERRIER
Cette invention des Anciens Grecs s’est diffusée par les champs en
damiers des oliviers inconnus jusque là en Gaule, par l’Empire
Romain. Les civilisations naissent par les échanges. Des pressoirs de
bois et meules de pierre coule cet or parfumé, âme de la cuisine
provençale.Encore un défi du temps.
Huile des petits fruits noirs de novembre , reste avec nous, lien
entre les générations ,sourire du temps !
Un objet par Dominique HEIL
Mon baigneur m’a été donné lors du Noël de mes 4 ans. Le pere Noël l’avait déposé au pied de la cheminée de l’appartement de ma grand mère bien aimée.
Tout de suite je lui donnais le nom de Jean Paul .Cela présageait il déjà tous les Jean que j’aimerai dans ma vie ?
Jean-Paul était un beau bébé, joufflu, potelé, et rieur. Sa barboteuse blanche avec des petits motifs bleus me plaisait beaucoup, mais très vite je demandais à maman de lui confectionner un manteau pour l’emmener se promener et c’est avec ravissement qu’elle lui confectionna un ravissant duffle coat rouge avec des brandebourgs de bois .
Je l’adorais et décidait peut-être à ce moment de travailler un jour dans la mode .
Mais ce que j’ai le plus aimé chez Jean Paul , ce sont les câlins. Le soir en m’endormant il chantait et murmurait le doux nom de maman!
Et c’était certainement le présage que le plus beau cadeau de ma vie serait la naissance de mon fils!
Oui Jean Paul a été à sa façon le messager de futurs bonheurs !!
LES SULFURES de Brigitte LASCOMBES
J'aime le verre pour sa légèreté, sa pureté, sa transparence, sa brillance et ses reflets.
Les sulfures déposent chez moi leurs touches solaires.
Leur ombilic renflé, à la douceur enfantine, suscite la caresse. Hommage à la tigelle incandescente du
verrier insuffleur de vie. Hommage à l'artisan promu au statut d'artiste. Hommage à la créativité.
Hommage à la beauté.
Je vagabonde, en quête de rêves colorés, au cœur des univers enchantés incrustés dans la matière.
Ici, c'est un volcan qui rougeoie. Bouillonne, en colère. Incruste de pépites d'or une plage lunaire aux
vagues fantasques. Une bulle ovoïde, libérée du magma primordial, vogue, sereine détentrice des secrets
originels.
Là, c'est l' étrange océan turquoise d'une lointaine galaxie dont l'écume crépite. S' évapore en fines
goutelettes de rosée. Capture l'éphémère. Retombe en pluie de gracieuses corolles.
Ces mondes clos m'ouvrent un chemin initiatique. Je pénètre dans l'imaginaire de leur créateur.
Les sulfures, de ci de là, s'assemblent, tout en ronds et déliés, telles les lettres d'un alphabet poétique pour
éclairer mon présent d'instants d'éternité.
ECRIT A UZES SUR UNE PLACE ENSOLEILLEE AU
DESSUS DU PARC DE l’ARCHEVÊCHE, UN OBJET QUE J' AIME de Gérard PERRIER
( 13 Novembre 2022).
Mes sacs à dos ont accompagné ma vie. Depuis ma première nuit
sous une tente canadienne à l’âge de sept ans, dans un pré, au bord
d’un ruisseau. Un sac a à dos anti- angoisses avec ses poches où on
oublie et retrouve tout. Un sac protecteur des averses de neige
pour le passage des cols en altitude .Pour les repos de la tête quand
je m’allonge dans un alpage vert lors des marches sans fin dans la
Castille sur le chemin de Compostelle, « Campus stellae »,champ
des étoiles. .Rien ne remplace cet objet banal bourré de souvenirs
et de rêves.
Il m’est impossible de marcher sans ce balancement sur mes
épaules et dans mon dos ,de cet ami silencieux et bavard. Cette
chose de toile et de cuir et plastiques raconte mon histoire qu’il
connaît autant et même mieux que moi.
Sac à dos tu es le dépôt merveilleux de mes routes.
METIER IMAGINAIRE de Brigitte LASCOMBE
LA COUTURIERE D' ARBRES
C'était une petite bonne femme, alerte, qui arpentait la Sainte Baume dont elle connaissait chaque recoin.
Elle caressait les écorces, avec amour, comme des tissus tour à tour rêches, souples ou soyeux. Et puis les
tissus, elle en connaissait un rayon vu son métier de couturière.
«Je taille, je coupe, je répare, je couds les fibres quotidiennement. Pourquoi ne pas exercer mes talents sur
les troncs endommagés? L' aiguille d'or, léguée par ma grand-mère au temps jadis, fera des merveilles. Au
temps, où les vieilles Singer à pédales ronronnaient encore dans les foyers, on traîtait chaque étoffe avec
soin.»
Au cœur du domaine préservé, vivait un chêne immense, millénaire, qui diffusait ses bonnes ondes aux
alentours. Les randonneurs venaient, de loin, pour apaiser leurs maux en entourant de leurs bras le tronc
de l' arbre médecin. Au fil du temps, trop sollicité, il dépérissait comme un ermite souffreteux. Les plaies
crées, par la violence des enlacements et les encoches des initiales incrustées par les amoureux,
saignaient.
«Je vais panser tes blessures de vieux grognard» affirma la couturière aux doigts de fée.
La petite bonne femme mit du cœur à l'ouvrage pour resserrer les lèvres béantes en souffrance. Son
aiguille d'or enduite de baume fit des miracles. Une sève nouvelle coula dans les veines de l'ancêtre
ragaillardi, vivifia ses racines, désaltéra son tronc vermoulu, reverdit ses branches assoiffées.
Le savoir faire de la couturière d'arbres fit des émules et sa réputation dépassa les frontières.
«Les arbres sont la vie, enseigna la soignante à la main verte, préservons l'avenir de la planète».
Depuis, les jeunes générations se forment à ce magnifique métier, rempli d'espoir pour le plus grand
bonheur de tous.
UN METIER IMPROBABLE : VOLATILISATEUR DU TEMPS de Gérard PERRIER
C’est un matin d’hiver. Le feu dans la cheminée ronronne.
Arrive le fou furieux du quartier qui veut montrer ses talents. Il
parle , parle. Personne ne comprend. Il s’arrête. Silence. Il
s’approche d’un vieil homme de l’assistance de ce centre social. Il
gonfle ses joues et siffle comme un réacteur d’avion en partance
vers les volcans des îles Galapagos. Et voilà ce volatilisateur du
temps sur le tapis volant des Mille et une Nuits devenu en quelques
secondes l’inventeur du merveilleux quand s’évanouit une fin de
vie sans sommeil ,quand soufflent les esprits des au-delà de nos
vies dans les bivouacs du désert. Quand souffle du Sud en Afrique
,l’Harmattan.
Ce vent qui apportera bientôt les écrits de ma vie à mes lecteurs
patients.
.
AVANT DE QUITTER UZES de Gérard PERRIER
Avant de quitter Uzès, je veux écrire sur cet insolite atelier d'écriture de novembre 2022. L'invitation souriante et stimulante de Florence, la fée des mots, les dédales des rues médiévales d'Uzès,l a mémoire d'écriture, les inventions impromptues, le cours d'eau ensoleillé du Gardon dans ses couloirs romains souterrains vers le pont du Gard pour les bains fastueux des grandes familles à Nîmes du temps de l'Empire.
Je pars d'ici avec un désir d'invention pour une vie autre. Oui l'alchimie des mots peut changer le cours du temps.
AVANT DE QUITTER UZES de Brigitte LASCOMBES
Avant de quitter Uzes, je voudrais évoquer les oiseaux volants au faîte du ciel des murs de pierres sèches.
Blanches colombes, aux ailes rondes déployées, annonciatrices de paix au détour des ruelles. «Que les
luttes intestines ne soient plus, que l'espoir renaisse, donnons lui une chance» chantent-elles prêtes à
rejoindre leurs congénères du monde entier pour diffuser leur sagesse ancestrale. « GIVE PEACE A CHANCE»
Avant de quitter Uzes, je veux garder bien ancré dans ma mémoire la chaleur du groupe, l'imaginaire des mots avec Racine, Gide, Trintignant, dans ce petit bijou de ville sans fausse note qui me ravie à chaque coin de rues. Des lieux inspirants pour se poser et écrire, l'esplanade de la cathédrale, le talus du canal ensoleillé dans la vallée de l'Eure, un jardin et son bassin en plein cœur de la ville dans l'hôtel particulier de Joëlle, l'appartement cozy de Dom aux couleurs vives, le bar de la cave de St Firmin avec sa vigne vierge rougeâtre courant le long de la tonnelle, les banquettes en skaï rouge de la villa Curti, la terrasse des filles des vignes, la maison de Dom où la littérature a rejoint la gastronomie en soirée
Un grand merci à tous les participants pour ces moments précieux Florence GUICHARD
Avant de quitter Uzès, j'irai revoir la place aux Herbes qui ma accueilli le premier jour ou j'ai découvert cette ville-village. J'irai prendre une assiette gourmande à la terrasse du Terroir, bavarder avec Tom et Corinne, ses joyeux propriétaires et écouter les rires des enfants qui jouent autour de la fontaine de Dom HEIL
Avant de quitter Uzès, je voudrais garder en moi cette nouvelle découverte. Le premier jour j'ai passé mon temps à guetter les signes de celle que j'avais connu il y a trente ans mais mon café favori était transformé, le personnel avait changé, les visages connus avaient disparus, et puis je ne suis pas en pèlerinage d'Hélène GOZE
Avant de quitter Uzès, je veux parler de cette ruine en plein centre de la ville où de beaux chats ont élu domicile. Quel contraste avec ces magnifiques bâtiments qui l'entourent et pourtant cela ne les gênent pas, les chats. Des bénévoles leurs apportent à manger et à boire donc survie assurée mais dès qu'on s'approche d'eux et qu'on les regarde dans les yeux on voit que les caresses manquent, ils ne connaissent que la lutte de Cathy DUBOIS
Avant de quitter Uzes, je veux parler de …Ce prétexte qu’elle a été, à la découvrir en s’accoudant sur ses remparts d’antan , nous laissant fantasmer tels des enfants ,(que l’on est un noble duc ou une duchesse) , foulant ses doux pavés ocres , dominant la cité du haut de ses innombrables tours, admirant vallées verdoyantes et petit marché pittoresque, caressant ses murs de pierres lisses et protecteurs , tel un cocon maternel , foulant ses charmantes ruelles où il fait bon de se perdre et de flâner, l’esprit libre…
Puisque avant de quitter Uzes , je sais, qu’aussi surprenante et attirante soit-elle, elle n’est finalement, que le majestueux lieu de rdv, d’une bande de farfelus , férus d’écriture, qui s’est servie d’elle pour se retrouver le temps d’un week-end d'Ingrid CERDAN
Avant de quitter Uzès, je voudrais dire que la beauté de cette de cette ville n’a d’égal que la beauté des âmes que j’y est rencontré.
Brigitte avec son accent chantant et ses sulfures alambiquées
Cathy, l’élégante du haut de ses longues jambes, avec son humour torride
Dom et ses merveilleuses manies qui sait garder le charme de l’accueil et la chaleur d’un lit tout dur
Gérard, bourru et attendrissant derrière ses contestations désuètes quand une consigne ne lui convient pas
Helène, que j’ai adoré découvrir
Claudine, ma maman, que j’admire pour la femme qu’elle a su devenir
Florence, notre mentor, qui a mené avec brio, ces trois jours de palabre
Gilles , généreux et bienveillant qui a su écouter nos rimes d’allégresse
George, discret et technique, qui se détache sans juger
Et bien sûr, ma sister, celle qui est le jour quand je suis la nuit, Ingrid, qui parle cash et qui dit les choses de la vie.
Vous êtes tous lumineux :) de Fanny CONTENSOU
Avant de quitter Uzès, j’aimerais vous parler du Cacatoés de la Duchesse.Il aime, perché sur l’épaule de sa maîtresse, parcourir les rues étroites bordées de jolies petites boutiques. La pierre calcaire d’Uzés donne à la ville, au coucher du soleil, une couleur orangée inoubliable; La résidence ducale, les hôtels particuliers, la Place aux Herbes, sont autant de marques du passé historique de la Cité.
Le cacatoès et sa duchesse adorent se rendre dans la belle maison de Dom pour prendre le Thé. Pendant que la Duchesse met Dom au courant des derniers potins, lui, joue à saute-moutons sur la pelouse.
Vous savez ma chère, dit la Duchesse, nous avons eu la chance d’avoir Monsieur RACINE à notre table hier soir. C’est un homme charmant, mais un peu coquin.
A la fin du repas, le vin aidant, il a eu un petit égarement et m’a dit :
« Vous savez Duchesse, MES NUITS SONT PLUS BELLES QUE VOS JOURS » Claudine LECLERC