Voile et écriture
Ecritures au fil des vagues par DONATIENNE
1)
Mer. Immensité ressourcement
Joie d une liberté de mouvement retrouvé, sensation de bercement
Infini et tout
Beauté appartenance
camaïeu de bleue et de lumière.
Départ
2) Nous habitions à la mitre, très jeune avec mes frères et sœurs nous descendions seuls à la plage militaire. J adore cette crique, ce rocher à forme étrange qui me paraissait immense et qui a pris des dimensions plus raisonnables avec le temps. A l’époque il y avait un radeau amarré, nous faisions la course pour y arriver le premier à la nage, les plus âgés surveillaient les plus jeunes. Nous adorions trouver des merveilles au fond à indiquer, à montrer aux autres. Souvent nous allions plus loin pour faire les concours de plongeons.
3) Celui qui se réveille au son des mouettes qui accompagnent les pêcheurs au matin, celui qui traverse l univers pour se retrouver lui enfin dans la gratitude, celui qui affronte la tempête comme une vengeance de son enfance, celui qui veille en haut du phare au cœur de la tempête, celui qui aperçoit à l horizon le fanal de son port de naissance, celle qui se lance dans l aventure du grand large avec son seul courage et sa joie de vivre, celle qui prend la mer pour pêcher au petit matin frileux, celui qui scrute l’horizon à la recherche de son amie, celui qui rencontre une pieuvre et devient son ami,
Celui qui crée des ponts entre des mondes que l océan séparé.
4) Celui qui traverse l univers pour se retrouver lui enfin dans la gratitude
Une grande crinière blonde mal peignée sous un un bonnet en laine, des yeux bleus océans adoucissant la sévérité du regard farouche ce celui qui veut aller plus loin,
Dans son for intérieur la recherche d un ailleurs d un monde moins cruel et stupide qui se réveille et se lève pour dire non sans colère sans ressentiment juste une volonté exprimée.
Il sentait bien que quelque chose avait changé, sa colère avait changé de couleur, de noire au départ. Elle avait viré au rouge sang avec des envies de vengeance et là devant l immensité il la sentait prendre des nuances violettes et dorées , il avait du mal à se rappeler ce qui l avait tant blessé. En fait n’était ce pas lui même qui s était fait cette blessure au fer rouge tout seul. Ne l’avait il pas entretenue jusqu’à cet îlot de verdure perdu dans l océan où la vie bruissait; les insectes et les oiseaux chantaient des mélodies harmonieuses, l’ air empli de vibrations. Tout à coup il sentait la douceur de l’air emplir ses poumons et dissoudre peu à peu son magma intérieur . Et tout à coup une vague de gratitude pour ce coup de tête qui lui avait fait prendre la mer mais aussi la mesure que sans ces événements, il n aurait probablement jamais su de quoi il était capable dans la tempête comme dans la petole la plus désespérante et là il touchait au but. Enfin il voyait le cadeau de la vie.
5)Au bord de la Méditerranée, au printemps se rassemblent les petites ecuillettes , elles sont si petites que personne ne les voit, mais elles viennent écouter le bruissement du monde pour en rendre compte au cœur profondeurs.
6)
Être libre toujours tu chériras la mer
La mer est un maître
Son enseignement est à différents niveaux
Toujours elle t’apprend sur toi et sur la vie
Regarde là chéries là et tu comprendras davantage sur la vie et sur toi
Les erreurs parfois sont amères les joies immenses et douces
La mer avec sa vastitude t ouvre des horizons insoupçonnés
Au delà et en dedans de toi.
Créer un nouveau monde
MON UTOPIE DU JOUR
à la tortue Modestine
et aux passantes
de l'atelier d'écriture Utopie
Connaissez-vous l'île de Modestine ?
Elle ne fait pas de bruit et croit
aux traversées obstinées dans le vert.
Peut-on dire qu'elle règne ? À la rigueur,
mais en toute discrétion,
ou bien alors
si régner se fait en s'écrasant
comme le chien Fiore
au beau milieu de la sieste méridienne.
L'île de Modestine est prospère à souhait
pour qui savoure les feuilles sans peur d'en manquer.
À l'heure où j'écris ces lignes,
les habitants de l'île sont
dix femmes et un homme, un chien, une tortue
sans oublier la cohorte des invisibles
qui accompagnent l'atelier jusqu'au soleil du couchant.
Mais il peut arriver qu'ils deviennent
dix tortues et un chien, ou dix hommes et une femme etc...
L'essentiel pour eux est
qu'ils désapprennent à compter
en méditant sous carapace ou en faisant des roulés-boulés.
Les habitants de l'île de Modestine
ont établi une constitution, à force de dur labeur
entre les feuillages et les saisons,
mais le jour où ils l'ont achevée, un coup de vent
séditieux a emporté tous les feuillets, tous les articles
dans la mer qui entoure l'île.
Les commentateurs aguerris doutent que l'île de Modestine
puisse tenir longtemps encore
sans chamaillage de silences.
C'est parier sans compter
sur l'agilité des Modestiniennes,
leur capacité à déjouer les pratiques imbéciles.
Les commentateurs deviendront hors service
bien avant l'échappée belle des Modestiniennes.
Sur l'île de Modestine, on n'en a jamais fini
avec le cheminement des intelligences, à commencer
par le ras des pâquerettes.
Entrer en vibration avec l'autre
est le sport national en vigueur.
DOMINIQUE SORRENTE
Endoume, le 8 mars 2021
*
Marie-Françoise MONTEBELLO
Pourquoi ne pas imaginer le meilleur ?
Pourquoi ne pas imaginer le meilleur ?
Le pire fait tellement plus de bien parfois.
Le pire troue les oreilles, arrache les pas,
casse les mémoires, abrutit les journées.
Le pire vit au fond du bassin où j'imagine notre noyade.
Elle eut lieu dans une rivière en Norvège.
J'ai longtemps vécu au fond de ce bassin,
puis d'un seule coup de la pointe du pied,
une poussée inconnue m'est venue,
me faisant remonter vers le haut.
Le meilleur vivait là, tout seul, sur le rebord du monde,
sans aucune imagination.
Il m'a tendu une serviette éponge
et m'a souri.
Puis il m'a montré la couverture d'un carnet
à écrire. Il y avait ces mots d'Oscar Wilde:
j'ai les goûts les plus simples du monde.
Je me contente du meilleur.
Il m'a montré la couverture d'un carnet à écrire.
DOMINIQUE SORRENTE