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Les Baladantes
10 février 2012

Nostalgie, nostalgie quand tu nous tiens

Diaporama d'une vingtaine d'objets en circulation dans les années 1960 et lecture de quelques

                                                                                             "je me souviens " de Georges Pérec                        

Tél

Je me souviens de ce téléphone aux formes anguleuses en Bakélite noire.

Il est indissociable de sa sonnerie si caractéristique, si familière.

Cette sonnerie qui arrive comme une bouffée de nostalgie et qu’avec jouissance, je retrouve sur

mon I-phone.

Nous sommes beaucoup à partager ce petit moment de pur bonheur.

Regardez, dans ce lieu public , il suffit que cette simple sonnerie retentisse, pour que nous soyons si

nombreux à vérifier si c’est pour nous que le portable sonne.

Une tribu qui pendant un fraction d’éternité retourne vers l’enfance.

Je me souviens de ce téléphone aux formes anguleuses en Bakélite noire. La sonnerie retentit, il

sursaute, il cherche l’appareil partout, sous sa chaise, derrière les rideaux rouges, dans sa valise, il

interroge du regard son comparse en costume blanc, il semble désemparé.

La sonnerie se fait toujours plus insistante.

Après chaque poses il bondit, fait mille cabrioles, et d’un coup, au fond d’une poche de son

immense pantalon a carreaux, il retrouve le combiné.

Allo?

A l’eau! répond le clown blanc, lui renversant un plein seau d’eau sur la tête.

Et les rires des enfants reprennent de plus belle.

Frédéric POYET

 

Je me souviens de ce vieux téléphone noir : tige verticale, lourd combiné,

Et à la base un disque à trous dans lesquels j’adorais mettre mon doigt dedans !

 

Au début mon doigt était petit, les trous très grands.

Peu à peu mon doigt grossit jusqu’à frémir :

Quelle aventure…cette résistance du disque pour former les numéros !

Oui vraiment, çà résistait ; le doigt peinait, allez va-y ! Encore un peu, va jusqu’au bout !

 

Premier chiffre conquis, lâcher le disque assez vivement pour ne pas tordre le doigt.

Répéter l’opération six fois.

C’était jouissif ! Sensationnel ! Presque mystique pour moi !

 

Cérémonie plus importante que d’aboutir.

Bien sûr le téléphone en vrai, un numéro en vrai, une voix à venir, en vrai.

Mais tout d’abord cette expérience éblouissante :

Des gros gros trous pour y mettre mon doigt dedans.

 

Un téléphone à trous. Qu’allait-il se passer ?

J’te donne un doigt, tu prends mon bras ? Allais-je y perdre de moi ?

Et ce plaisir de ne pas connaître la réponse…

Allez j’me lance.

Quel est le doigt l’moins important si j’en perds un ?

Le pouce ? Trop gros ; et puis pour tourner le disque, un peu débile si on me voit.

L’index ? Pour les sonnettes d’entrée, et là, j’ai encore envie de sonner !

Le majeur ? J’y tiens, pour pouvoir dire dans une vengeance la phrase que m’ont légué mes frères : « Tu l’as dans le c…. »

L’annulaire ? Je vous laisse essayer. Avec la résistance du disque à chiffres sur les vieux téléphones, difficile d’y arriver.

Reste l’auriculaire. Mais là j’peux pas.

Lui, c’est le « kiki auriculaire », celui qui a bercé les belles histoires de mon enfance…

 

Conclusion : cinq doigts utiles, cinq doigts précieux, tous à garder !

Qu’est-ce que je fais : je téléphone ?

 

En grandissant j’ai pu m’lancer. Ce fut l’époque ou tristement ils ont sorti les verts de gris de téléphones, les en plastique.

Et là, plus d’histoires enfantines à raconter.

Sabine Rimaud

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11 janvier 2012

A la recherche du temps proustien

"....en me remplissant d'une essence: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi."

Elle, la centenaire, l'aïeule, la déclinante, l'ascendante, avait un regard vif.

Ses yeux semblaient être deux puits illuminés.

On pouvait choisir de s'arrêter à leur éclat.

Sinon, on pouvait plonger dans leur profondeur. Ce qui se passait alors, n'est certainement pas de l'ordre du transmissible. Mais je voudrais en parler, cerner l'émotion ressentie.

Un regard, comme un forage du dedans.

Un regard aux innombrables strates .

 

Elle, la toute frêle, la toute ridée, l'ancienne, ...  Son regard est voyage sédentaire.

Que racontent ses yeux, braises vivantes? Ils nous content la terre, la terre enfouie, la terre aïeule.

La sueur-courage, les deux guerres traversées, les bouleversements du monde.

Chaque naissance et chaque deuil.

Regard-grand âge, aux longues racines. Pépites de malice.

1899-1999! Un siècle vécu! Rien ne vacille!

Qu'a t-elle tissé, la vieille, de ses brindilles rescapées?

Qu'a t-elle rassemblé de ses nids démolis?

Qu'a t-elle tenu, serré contre elle, pour ne jamais oublier?

 

Elle nous regarde: ses yeux, deux petites fenêtres éclairées par son âme.

Des portes où l'on se reconnaît, miroirs au tain ancien.

Des lumières qui racontent; qui se taisent.

Visage tout ridé, tout fripé, comme une pomme oubliée, retrouvée.

 

Elle regarde, l'aïeule centenaire,

inlassable!

Encore à l'ouvrage, ses mains crochètent ou tricotent.

Elle entremêle les fils colorés et,

elle brode l'in-fini de sa vie incroyable.

                                                                                                                     Sabine Rimaud

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