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Les Baladantes
17 janvier 2016

Bonne année 2016

 

Bonjour et bonne année 2016,

Que la joie inonde ton coeur de bonheur, comme un soleil illumine la part sombre qui voile ton âme créatrice,
Qu'un sourire transforme la face morne de ton quotidien laborieux et parfois humiliant, en une splendide lune, brillant de tous ses feux, passionnés et créateurs.
Que la Lumière t'éclaire de sa puissance éblouissante, qu'elle te révèle à toi-même, comme un écho qui te renvoie ta propre voix pour que mieux tu t'entendes.
Que ton être s'ouvre et s'épanouisse, comme le lotus aux mille pétales d'arc-en-ciel, joyau surgit des boues de la Création même, symbole magique de la transformation intérieure vers ton âme vraie et magnifique.
Que ton coeur, comme un soleil magnifique, incendiant de sa lumière purifiante, brûlant de son Feu Divin, toutes les scories de ton passé obsolète.
Que ta vie soit le vent qui souffle son inspiration, dans les voiles de ton vaisseau de papier, et que les éclats d'écume s'impriment comme des lettres humides sur les pages de ta vie à venir.
Que ta parole soit impeccable, en tous lieux et circonstances, pleine de cette compassion et de cet Amour Inconditionnel, comme un phare puissant, face à la parfois sombre réalité de la vie.
Que la puissance de tes mots, boulerverse le coeur durcit de l'homme, perdu dans les turbulences de sa vie d'esclave moderne.
Que ton regard, comme un faisceau cosmique, perce la carapace de la misère humaine et de la violence quotidienne, pour y voir surgir toutes les beautés de l'âme humaine.
Que l'Amour soit ton guide, en toutes circonstances.
Que l'Amour soit la clé, de celle qui ouvre toutes les portes aux serrures rouillées par la peur et le doute.
Que l'Amour soit ton âme, pour combattre les ennemis de la paix et chasser les fantômes de nos peurs anciennes.
Que ton amour puissant transforme ton passé de misère en compost merveilleux, que tu répandras dans ton jardin d'aujourd'hui pour y voir pousser les fruits de ton futur.
Que l'Amour soit ton guide.
Que l'Amour soit.
Amen et Alleluia

 

                                                          VERONIQUE J.

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14 décembre 2015

Recettes de cuisine sous un autre angle

Claude De Warren

 

Le faisan au cognac

 

Tout son groupe parlementaire était rassemblé. Ils avaient leur tête de raisins secs, celle des mauvais jours. Il leur servit un cognac et les laissa macérer à loisir. La farce avait assez duré. Il avait bien préparé son discours et leur exposa son programme. Il s’agissait de ne plus se faire pigeonner, encore moins d’être les dindons de la farce. Il fallait chauffer l’hémicycle comme personne ne l’avait encore fait. On leur embobinerait la tête et le cœur, on les barderait de propos bien ficelés, pas trop salés, mais pimentés à loisir. Par d’habiles propos, on les laisserait mijoter. Et quand ils seraient cuits à point, il leur servirait l’essence même de son programme : « la recette du faisan au cognac ».

 

 

Vivre sa nostalgie avec un ingrédient

 

La confiture de mûres.

 

C’était toujours à la fin des grandes vacances, une épopée et un record à battre : combien ferait-on de pots de confiture de mûres cette année. Je me piquais au jeu, mais  mes frères, eux, avaient horreur de se faire écorcher par les ronces.

Moi, ce qui me réjouissait par avance, c’était la grande marmite en cuivre qu’on astiquait pour l’occasion, l’odeur des fruits éclatés que l’on pressait dans un grand torchon, et l’écume, surtout l’écume, qu’on étalait encore brûlante sur les tartines. Et pour finir, les pots alignés que l’on contemplait religieusement.

Mais la paraffine que l’on faisait fondre pour en recouvrir les pots était aussi, hélas, le signal de la fin des vacances. J’en aurais presque pleuré. 

29 novembre 2015

Ecriture dans le voyage

23 octobre 2015

Exercice 1 : Écrire un texte contenant chacun des mots de la liste – Donner un titre.

TERRE ; GALET ; RUBIS ; HORIZON ; COLONNE ; TRAVERSÉE ; COMPAGNON ; PAQUET ; BRISE ; COMTEMPLATION ; MOUVEMENT ; NATURE ; ART ; REMARQUABLE ; ÉTRANGETÉ ; INCONNU ; EXTASE.

 

 Découverte

J'aimerais vous parler d'une aventure remarquable, non pour ce qu'elle comporte d’étrangeté ou d'inconnu, mais parce qu’elle se trouve au point de départ d'une transformation profonde de mon être d'un mouvement irréversible de mon âme.

J'aurais pu choisir de vous raconter cette plage noire où à l'aube d'un jour d'orage, sous un ciel graphité incliné sur une mer terne, je trouvais par milliers, roulant dans le ressac, des éclats de verre polis, compagnons azuréens, émeraude ou rubis de galets ronds et gris bercés par les vagues.

Pourquoi pas vous décrire la traversée du grand sud là où la terre tremble frémissante dans l'horizon, là où le vent soulève des colonnes de sable et vous jette des paquets brûlants dans les yeux, là où la nature impertinente brise les conventions, se moque de l’équilibre, se délecte de barbarisme et d’excès?

Non, pour expliquer ce choc, ce bouleversement, il faut parler de l'art de la contemplation, du voyage intérieur, de la grâce dans l'abandon, de la révélation d'une beauté simple et franche. Dans l'extase que l'on éprouve à accepter ce que l'on ne peut changer et à embrasser ce qui nous aspire à aimer, j'ai réalisé une découverte extraordinaire.

 

 

Exercice 2 : À partir du titre du texte précédent écrire un nouveau texte.

La découverte

Je fis la remarquable découverte à l'heure de la sieste, dans la torpeur des heures chaudes, alors que Phébus au zénith dominait l'horizon. Par l'ouverture d'une porte, j'ai vu Gabrielle nue, assoupie sur le carrelage couleur rubis qui reposait échouée au galet de la chambre en quête d'une fraîcheur élusive. Au corps-à-corps avec la tomette dans la pénombre traversée de colonnes diaphanes montant en rayures moirées jusqu'aux persiennes, elle respirait, soulevant une brise ample qui animait une mèche de ses cheveux retombant dans l'instant lui chatouiller les narines.

Au dessert Gabrielle avait soufflé seize bougies rose et bleue. Des vestiges du gâteau, elle avait pioché des flocons de crème nature qu'elle suçait bruyamment à son index en faisant claquer sa langue. Par gaminerie, elle avait déposé des houppettes de mousse sucrée sur le bout de mon nez qu'elle venait ensuite cueillir en m'embrassant. Cousin timide, cousine espiègle, inséparables compagnons des grandes vacances, nous vivions liés par une complicité ambiguë ; mélange confus fait de niaiserie, d’amitié et d'attraction. Elle découvrait les armes de la séduction et affûtait les couteaux de ses charmes au diamant de ma dévotion. Moi, je mesurais ma valeur au baromètre de ses mouvements d'humeur. L'oncle Georges, tandis qu'il lui servait deux doigts de mousseux, avait déclaré qu'elle était une jeune fille à présent, mais c’était une femme que je voyais à plat ventre en travers de la terre cuite, une femme qui me fascinait et me troublait bel et bien. Arrimé au chambranle, le souffle court, l’œil collé à l'huis, je subissais l'empire d'un besoin exigeant encore qu'incertain. J'endurais les affres d'une douleur sourde, la tyrannie d'un garrot pressant. Malgré l’étrangeté d'une faute dont j'ignorais le sens et en dépit du malaise sournois qui m'habitait, je capitulais et laissais volontiers mon regard clandestin se glisser à la découverte de cette terre inconnue. J'osais, dans l'ombre de mon observatoire, explorer la banquise ardente, déchiffrer cette charade chimérique.

Je fus, ce jour-là, captivé par la contemplation de l'anatomie au féminin. Et je reçus à mon insu, un baptême en coup de poing, un émoi sensuel délicieux, une révélation charnelle d'ordre mystique. Voyeur en herbe je scrutais avec avidité le corps offert de Gabrielle. Je consignais à ma mémoire le grain lisse et tendu de sa peau blanche. L’épiderme parcourut çà et là de frissons à peine perceptibles comme on en voit frémir aux flancs des chevaux. Je constatais le plissement chiffonné de la plante de ses pieds qui me laissa quinaud et le sculpté de ses chevilles fines qui me plaisait autant que la fibre nerveuse de son tendon d'achille. En remontant le fuseau galbé de ses jambes, j'ai pris note d'une petite veine bleue battant dans le creux de son genou alors que sa rotule écrasée de travers sur le sol jouait le déboîtement. Je tremblais en constatant la longueur de ses cuisses effilées et fermes, que, pourtant, je connaissais bien, pour compte de nos baignades à la rivière. Les deux orbes laiteux qui les surplombaient me tinrent en alerte un long moment, mais en vérité, plus que ses fesses, ce sont de petits détails qui aujourd'hui enflamment encore mon souvenir. La pliure divinement anodine là où les cuisses se rattachent au siège, mais aussi et surtout, au-dessus des globes arrondies deux petites dépressions aiguës marquant dans le creux du dos le poinçon d'un orfèvre de génie, créateur de cette œuvre d'art. Enserrant les demi-lunes phosphorescentes des hanches anguleuses et abruptes basculaient vers le sol protégeant un ventre tendre et blanc que j'apercevais de biais. Chaque respiration séparait discrètement l'abdomen de l'argile que le renflement moelleux revenait épouser à chacune des inspirations de Gabrielle.....Au delà des fesses, la taille se resserrait délicieusement pour aussitôt s’évaser vers le plat du dos qu'un remous parcourait quand les côtes roulaient sous la peau. Le haut du dos, les omoplates et le coup se trouvaient dérobés à ma vue par une manne de cheveux noirs, seul perçait un rebondi blanc de peau brillante séparant les boucles épaisses qui cascadaient de part et d'autre de l’épaule isolée. Les bras filiformes et vifs reposaient à plat sur le sol semblant répondre à un ordre : « Mains en l'air ! » Plus loin des poignets délicats rattachaient les membres aux mains que j'avais pour habitude de prendre dans les miennes. Je restais longtemps immobile, statufié dans l'extase qui me consumait. Bien sûr, j’étais secrètement amoureux de Gabrielle, mais soudain je faisais l'apprentissage du désir que j'avais d'elle. Ce trouble, je le savais déjà, annonçais l'aube d'une gêne souterraine qui désormais changerait la candeur de notre entente. Ce jour-là, je faisais prématurément un pas hors de l'enfance, je perdais un peu de mon innocence.

Trois heures tintèrent à l'horloge Empire qui trônait sur la commode comme s'il s’était sagit des trois coups d'un lever de rideau. La belle se mit en mouvement, s’étira comme un chat, se levant d'un mouvement tout aussi félin, elle enfila la robe jaune abandonnée en paquet dans le grand fauteuil. Elle chaussa des espadrilles trouées et sortit vers le parc par la porte-fenêtre. En un coup de baguette magique, et du fait de la familiarité du vêtement et du délié des mouvements, Vénus disparaissait, et c’était ma cousine Gabrielle réapparue que je voyais maintenant s’éloigner dans la lumière aveuglante de l’après-midi...

22 mars 2015

Atelier d'écriture pour inventer sa ville utopique

Une ville utopique imaginée par des Aurovilliens!

 

Isabelle

Le paradoxe de Sitaphal

Accroché à un arbre, un fruit, grenade, sitaphal. Je m’approche et soudain, je suis dans ce lieu de rencontre destiné à celui qui cherche.

Pas de porte, pas de fenêtre, chacun, en se présentant, accède à cet espace sans limite.

Pour l’explorateur de toujours, ce fruit, cette fleur, cet océan porte la ruche qui l’attend et qu’il invente.

Il l’habite, la pense, la crée.

Son ami est là. Son amour respire.

Le temps papillonne, virevolte, en ces lieux supposés.

Pourquoi le suivre ?

 

Je vais où l’amour me porte.

 

Comment décrire mon rêve, ma vie ?

 

L’ambroisie, la lumière émanent de chaque passant et se partagent.

 

Pourquoi parler, pourquoi penser ? Nos aurores boréales donnent naissance à chaque lieu de vie et de présence.

 

TAJ

Visite à Cybèleville[1]

Depuis le temps que j'essaie, j'ai finalement eu raison de la psyché dans laquelle se reflètent, langoureux comme Morphée, l'arsenal de mes croyances, les divagations de ma pensée et les cachotteries de mon esprit. L’observation assidue de la fixité des idées, du malaise émotionnel et de la futilité des préjugés, me renvoyait sans cesse à un constat cuisant d'échec quant à mes progrès intérieur. Il fallu donc à grand renfort d'introversion impartiale, d’exercices physique et de jeûnes prolongés, opiniâtrement craquer l'immobilisme des habitudes, briser les conventions sectaires, et de mes limites dénoncer les justifications médiocres, pour enfin commencer d'œuvrer au démembrement de ces croyances tenaces qui me voudraient séparé d'avec autrui.

En franchissant ce miroir là j’attendais une révélation inondée de lumière diaphane, de flotter dans un éther mauve et doré, possiblement de produire quelques miracles héroïques, ou pour le moins d'ascensionner à la connaissance. Que nenni ! Me voici désenchanté, déambulant au hasard d'une réalité en tout point uniforme à celle d'où je viens et que j'ai si ardemment désiré quitter. Du pareil au même, kif-kif, copie conforme. Ici le ciel couronne la terre, l'eau coule dans le sens de la pente, le vent soulève la poussière et les feuilles tombent des arbres. J’évolue dans une ville à l'identique, je longe les mêmes bâtiments, je marche dans les mêmes rues, je parle aux mêmes gens. Dans ma maison aussi rien n'a changé. Le lit tendu de draps roses, les manuscrits stoïques qui patientent sur le bureau, la cuisine délicieuse délicatement parfumée. Que ce soit dans l’intensité de l'astre solaire, le cristal de l'air, le spectre des couleurs ou dans le vibrato des sons rien, vraiment rien n'atteste de mon triomphe absolu et irréversible sur l'obscurantisme, ni ne trompette l'aboutissement glorieux de ma conscience transcendantale. Que dalle !

Pourtant il reste indéniable que j'accédais à un nouveau monde. Quand bien même ni l'apparence des lieux ni l'allure des gens n'ont changées, certain détails agaçants ne cessent de piquer ma curiosité. Petit à petit se révèlent à mon regard les aspects de cette réalité banale pourtant altérée. Dans cet univers l'air ondule d'un frisson ténu. Un souffle rare qui accorde la simplicité, à la bienveillance et à la paix. Les gens détendus vaquent à leurs occupations, le cœur revêtu d'une étoffe délicate tissée de douceur, d'assurance et de béatitude circonspecte. Au travers de la gentillesse, de la bonté et de l’hospitalité des citoyens on comprend mieux le climat de dévouement et de don de soi qui a cours à Cybèleville. Au centre de la cité, sur un îlot qu'entoure un lac scintillant, se trouve un sanctuaire magnifique aux dimensions grandioses, de marbre blanc et d'or. Il règne en ce saint des saints une quiétude et une atmosphère de mysticisme glorieux propres aux temples construit par les hommes. Entouré de jardin fabuleux le panthéon reçoit un flot permanent de ceux qui viennent en contrition rendre hommage à Cybèle la déesse mère. Certains adeptes aident spontanément leurs frères et leurs sœurs à comprendre la façon adéquate qu'il convient d'adopter pour approcher le divin. Moi, miné par la déconvenue que la familiarité confer à cette aventure, je redoute en mon for intérieur la possibilité d'une antithèse qui fournirait la preuve amer de ma propre vanité de croire que mon arrivée à Cybèleville cautionne mon agrandissement.

Intrigué par l'atmosphère environnante je m’évertue à deviner par quelle pirouette, dans ce monde calqué sur celui que je connaîs, les affaires des hommes semblent adopter ici la franchise, la chaleur et la délicatesse propre à l'amour. L'adaptation s’avère difficile. J'ai le sentiment que l'harmonie dont je fais le bilan en ces lieux, prends sa source dans les démarches de fond entreprises collectivement, autant que dans la foi cultivée individuellement par les habitants de Cybèleville. Moi élu parmi les élus, ennemi farouche de l'ego, amateur amusé du jeu de Lego, gardien vigilant de la morale moralisante et dépositaire économe du fluide de divinité divine, me voilà confondu par ce que l'ignoramus maximus banal a compris, réalisé ou atteint d’emblée cependant que moi, je délibère ! Il y a erreur, infamie, vice de forme, m'insurge-t-il intérieurement. Je ne perdrais rien pour avoir attendu ! D'une bête pensée, une pensée tout ce qu'il y a de plus ordinaire, voilà que la brume se dissipe et que le mystère se lève. Cette impulsion d’électricité cérébrale m'arrive un matin au réveil. J'ai faim ! Urge-m'en-je d'un ton péremptoire dans ma caboche.

CRACK ! ZIP ! BAM BOUM !

Me voici assis dans mon lit un pti't-déj sur les genoux. Un plateau réglementaire avec orange franchement pressée du carton, œuf a la coque – mollet, pain cramé sur les bords, copeaux de beurre pingre, cubes de confiotes colorisées et E-machinisées, jus de chaussette, et en prime une rose insignifiante vasouillant dans du verre taillé qui voudrait faire croire à son origine Bohêmeland.

Lecteur chéri, voit mon consterne ment sur écran technicolor. Je pense et j’obtiens aussi sec ! Ça fout les jetons ! Plus fort que Jésus, il se servait du verbe, lui. Moi, je n'ai même plus besoin de la voix il suffit que j'évoque ! Tu peux, lectrice idéale, imaginer la fébrilité gambergeante dans laquelle cette découverte m'intergalactise. Supposons que j’adhérasse aux usages de nos frères les mangeurs de graines germées, m'eut-on régalé d'un en-cas certifié bio, cru et verdoyant ? Que je professasse comme paysan cantalien à Martal, un marteau[2] en quelque sorte, aurais-je trouvé du choux farci et de la saucisse truffade dans mon assiette ? Je m'interroge.

Je confesse que la tentation d'employer cette trouvaille égoïstement s'imposa aussitôt à mon esprit et que je ne fis aucun effort pour y résister. Tout, absolument tout, se trouve littéralement à porté d'imagination. Les premiers temps on se fait plaisir avec n'importe quoi. Comme cette fois ou j’eus l’idée de faire du canoë kayak dans les eaux blanches de l’Ariège. Pourquoi pas, si seulement la chimère m'avait prise ailleurs que dans un autobus. Laissez-moi vous dire que les voyageurs ont moyennement apprécié de recevoir des paquets d'eau en pleine poire. Ou encore ce jour là quand faisant la file dans une boulangerie, subjugué par la beauté de la marchande, je ne pouvais me défendre de penser, et les hommes savent de quoi je parle : « je me ferais bien la boulangère moi ! »... Je vous passe les détails.

Comment, lecteur intrépide, qu'ouïs-je ? Tu réclames des détails ! Tu trépignes ! Tu bavotes ! Tu veux la version X ! Soit, je le concède je te dois tout mon crédit, une fière chandelle comme dirait frère Jacques. Dès lors pourquoi devrais-je te priver de tenir celle-ci ? Je reprends donc ; en attendant pour acheter des miches je reluquais celles de la belle ouvrière en pensant : « je me ferais bien la... » Oh et puis non ! Je vais quand même ne pas me laisser tyranniser par des inconnus sous prétexte qu’ils ont déboursé quelques malheureuses piécettes pour l’avantage de l’œuvre incommensurable présente ci-devant. Je soupçonne même certain d'entre vous d'avoir obtenu cette copie chez un complice. Même pas que vous régalez Saint Copyright, vilains filous. Alors pas de grivoiserie pour le petit lecteur coquin. Tu sais, au cas que tu nécessiterais, internet regorge de polissonneries gratos !

Revenons à nos moutons. Cette télépathie créatrice comporte des côtés moins reluisants – pour ainsi dire. Des enfants impitoyables s'amusent pendant des heures à tirailler maîtres et chiens dans des directions opposées. Certains diables déplacent les crottes fraîches sous les chaussures des passants d'autres, plus méchants, créent des carambolages de piétons. À maintes occasions je me trouvais moi-même le dindon de leurs farces. Mais comme à l'habitude avec les innovations, l'ardeur finit par diminuer avec le temps. Une fois passé la primeur de faire ses emplettes sans bouger de chez soi, de passer en tête de file à la banque, de ne jamais tomber en panne d'essence, de manger ce que l'on veut quand on le veut sans prendre de poids ni en perdre, de faire son ménage à une vitesse qui ferait pâlir Mary Poppins, de faire briller le soleil ou tomber la pluie, de changer la carnation des fleurs, de faire japper les chats et feuler les chiens, de chanter comme Pavaruso, de peindre comme Picanoir et de jouer la comédie comme Alich Caprisse, et bien quand cette effervescence retombe on se trouve habité par un appétit aiguisé d'un commerce idéaliste avec le privilège de façonner l’existence.

De surcroît l'abus de nombrilisme autolâtre affaiblit beaucoup les effets de cette bénédiction. S'il est devenu un jeu d'enfant de modifier la couleur de l’océan, je constate que je n'obtiens que très rarement le bleu recherché. Satisfaire mon besoin affectif, fastoche me direz-vous, mais il faut bien se rendre a l’évidence que ma femme et mes enfants expriment leur amour d'une manière rabâchée qui me satisfait de moins en moins. Si je peux aisément donner forme aux fantasmes et aux désirs impérialistes que je projette sur des créatures de rêve, et si les ébats amoureux qui en résultent ont effectivement les feux de la passion et de l'extase cependant l’amour, lui, fait la planche à repasser. L'opulence matérielle se joue sur le bout de mes ambitions. Mais changer dix fois de voiture en une semaine et instantanément piloter la flotte de jets supersoniques dont je dispose, cela tourne rapidement à l'indigestion consommatrice et à l’asphyxie du caractère. Quel ennui !

Pour faire florès, je découvre la nécessité d'adopter dans ma pensée la sincérité et la franchise alignées avec les flux de l'abondance et du mérite. Assurément, la clé du succès se trouve dans l’élévation de l'intention. Je dois poursuivre la compréhension du phénomène, tout en m'astreignant à l’étude critique des motivations sous-jacentes à mes desseins. Je me trouve donc, par la force des choses, reconnecté à l’aspiration altruiste qui fait vibrer le cœur de tous les hommes. Décidément la nature, spirituelle, connaît bien son affaire ! Une interrogation audacieuse affleure dès lors à mon esprit. Ne devrais-je pas ; plutôt que de m’abîmer en des poursuites creuses et exclusives, consacrer ma force d’âme à l’adoucissement des maux de l’humanité et à l’avènement du sublime sur terre ?

J'ai sérieusement et longuement méditer au sujet de cette proposition. Les points chaux ne manquent pas. Répartition inégale des richesses, famine, guerre fratricide, torture, lâcheté, abus de pouvoir endémique, exploitation de l’homme par l’homme, trafic d’êtres humains, racisme, servitude féminine, infanticide, excision, commerce sexuel, apartheid sensuel, avilissement des peuples aborigènes, pogroms, génocides, frontières crées par des politiques imbéciles, alcoolisme, violence domestique, viol de complaisance, hébétude narcotique et j'en passe... Il reste les autres grands sujets : l'exploitation de la nature, la pollution, la destruction des forêts, l'agriculture chimique, la progression des déserts, la fonte des glaces, la montée des eaux, le manque d'eau, l'effet de serre, la destruction des fonds sous marins et je ne parle pas du traitement réservé aux animaux, aux plantes et aux minéraux... Comme dirait l'autre, y'a du boulot ! Les impératifs m’assiègent, l'urgence m'afflige, l'amertume me gagne, le doute m'envahit. Par où commencer ? Je pantoise rudement... Au final, l’âme enjoint à l'action pour le bien de tous.

À Cybèleville, univers bienheureux sur lequel les tracas du monde n'ont pas prise, les cybilains[3] se félicitent chaque jour de la dérogation dont ils font l'objet. Jamais, vous ne croiserez sur les chemins ombragés de cette utopie, un seul être s’employant aux barbaries qui paraissent amuser le reste du monde. Architectes des certitudes, les cybilains érigent au quotidien les règles et les préceptes de l’excellence morale qui établit la preuve de la présence divine qui les habite et qu'ils adorent. Comment servir ceux qui manifestent toutes les choses par miracle, et qui de surcroît, commandent à la bienveillance exclusive de Cybèle, la mère des mères ? Je cherche ardemment l’idée géniale qui m'autorisera de prétendre à l’absolu, mais voilà qu'une hypothèse osée tambourine à l'huis de ma jugeote. Si les cybilains n'ont aucune soif pour connecter avec leur alter ego,  raisonne-je, par quel orgueil devrais-je cautionner ou adopter leurs prémices pour affecter avec eux l'aboutissement du Grand Œuvre ? Je coquerique saluant cette nouvelle clarté. Le cœur ne réverbère-t-il pas du chant d’amitié, de pureté et de fraternité orchestré et dirigé au dedans ? Tintinnabulent mes méninges. Quel vacarme ! Le bourdon ronfle, la cloche carillonne. À cette heure je claironne : un travail vibrant et profond se forgera dans le feu de la détermination. Assourdissant, le marteau de l'authenticité frappe sur l'enclume de l'exigence. Il me faut donc pardonner à mes propres limites, choisir de gommer les conditionnements et armer le bras qui sabrera les status Quo auxquels je sers obstinément de caisse de résonance. Cet appel vibrant et pressant sonnaille affolé au tympan de ma conscience.

En un sursaut éperdu me voici, les yeux grands ouverts, lové dans la douceur des corps complices au creux de mon lit tendu de draps roses. J’abats ma main sur le réveil matin qui hurle d'une alarme désobligeante. Il me faut cinq bonnes minutes de bullage cotonneux pour totalement revenir à la présence de la pièce et de mon corps. Les rêves les plus nobles aussi ont une fin. Je titube groggy jusqu'à la salle d'eau pour mes ablutions et là dans la lumière crue du plafonnier je croise mon reflet, de l'autre coté du miroir, qui m'observe d'un air sibyllin.



[1] Cybèle, déesse mère des dieux dans la mythologie grecque – d'origine phrygienne.

[2]En vérité les martois habitent Martal.

[3]Habitants de Cybèleville

 

A bientôt,… je prends le prochain arc-en-ciel.

Auroville, 21 mars 2015

11 mars 2015

Dans le cadre d'AUROLIRE atelier d'écriture pour voyager autrement

Dans le cadre d'AUROLIRE atelier d'écriture pour voyager autrement

 

 

FRANCIS     21/02/15

                                                                                           Voyage, rencontre par accueil

 

Je pars en stop : auto, mopped, charrette, camion ou tracteur, avec tout véhicule qui veut bien m’aider à avancer dans la direction que le précédent véhicule a prise.

Et je découvre la vie des gens et les endroits traversés par mes échanges avec les chauffeurs et co-passagers.

Je quitte  la maison de mes amis, perdue  dans le Larzac, sur la petite route je fais signe aux véhicules pour monter avec eux. Le troisième est un tracteur qui s’arrête et me demande : « Ou allez-vous ? » «  Juste quelques temps dans votre direction ». Le cultivateur surpris me prends puis questionne « Vous allez voir des amis ? »  « Non, je suis là pour vous rencontrer, pour rencontrer les gens ouverts qui me prennent ». Nous ne nous connaissons pas » « Et bien, je suis écœurè, je suis obligée de me séparer de Roseline » « De qui ? » «  La vache noiraude que moi et ma femme et moi nous aimons le plus ». Mais sa ferme est la.

Je monte avec un camionneur. Le bruit du moteur est couvert par une musique anti-arabe.   « Ce sont tous des menteurs, il faudrait les écraser comme de la vermine .ils nous prennent tout et abusent de tout … » . Je laisse dire sa haine de l’autre cristallisée sur un groupe. En me quittant, il est détendu d’avoir pu l’exprimer.

Je monte ensuite dans la charrette de passage avec des enfants. « Tu ne vas nulle part ? - Goutes mes cerises. » ….

 

TAJ    21 Février 2015

TOURISMOTOURIST [turismoturist] subst. masc.

Personne qui a pour activité de lever le voile, en soulignant le typique et l'insolite, sur des lieux familiers qu'elle connaît intimement au profit de voyageurs en transit et dans le but de satisfaire son goût pour la découverte et son désir d'enrichir son expérience avant tout égocentrique à travers le regard et les sensations d'autrui. (Définition : Le Petit Ignare Illustré)

**************

 La mouche du tourismotourisme m'a piquée un jour alors que j’égrainais la chaîne des souvenirs ensoleillés, tissée sur la trame de mon enfance. Réminiscence bleutée qui me transporte vers Tanger, ville bergère, perchée sur un promontoire, qui escorte deux troupeaux à la fois - les moutons écumeux de l'Atlantique à l'Occident et ceux plus dociles de la Méditerranée à l'Orient.

Lovée au creux d'une anse qui s’arque-boute lentement vers l'Est depuis le vieux port en direction du Cap Malabata, Tanger donne asile, sans distinction et sans a priori, à tous ceux qui abordent aux sables dorés de sa baie. Tous, trouvent dans les bras de Tanger l'hospitalité que l'on réserve d'ordinaire aux amis perdus, enfin retrouvés. Le petit peuple volubile, industrieux et altruiste contribue à porter haute la réputation de pittoresque corsé octroyé à la cité.

Mais, si Tanger séduit par son accueil et la douceur qu'on a d'y vivre, il suffit que la nature s'en mêle, pour découvrir le côté impulsif de son tempérament. D'occasion, le Chergui, le vent des fous comme on l'appelle ici, tourmente la ville d'un aiguillon excessif. Balayant en rafales terribles les artères offertes dans la partie moderne, l'aquilon pernicieux fouille tout aussi outrageusement le dédale des venelles encaissées et des placettes exiguës de la Médina. De longues journées chaotiques succèdent à des nuits de hurlements, qui précédent à des journées d’angoisse. Il n'y a alors, pas le moindre recoin de la ville, qui n'échappe au fouet glacial et meurtrissant du vent salé qui se déchaîne à l'Est. Mais, sans vouloir contrarier les vitres brisées, les volets malmenés, les portes battues ou les toitures brutalisées, et sans porter ombrage à la mer démontée qui cognent furieusement la digue en la chevauchant de ses vagues endiablées, ni au remue-ménage des feuilles et des papiers ; il faut le dire, les dégâts les plus graves se constatent au fond des yeux vitreux, malheureux, rompus des habitants et encore plus tragiquement dans leur têtes frappées d'un souffle ardent de déraison. Je met quiconque au défi de trouver un seul Tangérois qui aurait le cynisme de refuser d'échanger trois jours du vent du Sud, le Sirocco tiède, beige et grinçant, contre un seul jour acéré du Chergui glacial des dingues !

Et pourtant, des châtiments de la nature, celui qui maintient les autochtones en alerte constante, frappe lorsque le ciel se vidange soudainement en trombes d'eau qui déchaînent des inondations ahurissantes. Construite sur un amas de collines, reposant dans un bassinet en hauteur qui à son tour surplombe la ceinture étroite du littoral, Tanger offre la topographie idéale pour qu'un Zeus farceur y déclenche un déluge aux proportions bibliques. Au changement des saisons, lorsque l'orage crève les nuages de sa foudre, l'averse s'abaisse en un rideau compact d'une flotte drue, dure et froide. De par sa nature ruisselante, l'eau cherche à rejoindre, au plus vite, les flots saturniens de la baie. Elle trouve à son dessein, de formidable alliés dans les innombrable pentes au flanc de l'escarpement. Quinze minutes de pluie transforme la Place de France en une cuvette bouillonnante qui se déverse à gauche par la Rue de la Liberté vers la Place du 9 Avril 47 et par le devant au travers de l'ancien cimetière Israélite et de la Rue de Murillo vers l'Avenue d'Espagne en contrebas. La Rue Des Vignes transformée en une furieuse avalanche blanche interdit tout espoir d’ascension. Au marché de la Rue de Fez taillé en terrasses, les légumistes du haut, de l'eau jusqu'aux mollets, s'affaire à surélever leurs cageots. Dans la partie basse du marché les Tangérois ont des souvenirs de débordements tragi-comiques quand les poissonniers immergés jusqu'à la poitrine tentent de récupéré leur pêche arrachée à leur étalage par une inondation invincible. Dans le fond de la Médina, les jours de pluie, il suffit de voir le remous torrentiel pour que tout à coup l'on comprenne le sens des pas de porte surélevés, au jambage montant parfois jusqu'à un mètre de hauteur.

Mais le Tangérois a acquit l’expérience et la sagesse qui prônent à la patience. Si le cataclysme frappe brusquement on sait ici qu'il cessera tout aussi soudainement. Bientôt la ville tournesol, pour se sécher, tournera son visage et son bitume au soleil déjà revenu. Les Dieux, bien au sec dans leurs Champs-élysées, s'amuseront sans doute de la déroute et du fracas qu'ils ont causés. Néanmoins les oiseaux pépillent maintenant et le ruisseau charrie les feuilles et les brindilles barbotées aux arbres. Phébus, narcisse aveuglant, s'admire dans des flaques d'eau claire. Partout dans les rues les voitures étincelantes jouent au hors-bord en redécouvrant qu'elle ont des roues. Revoilà l'ardeur qui fredonne au cœur de la cité. Après l'orage, quelle joie de respirer l'air frais dans la ville rendue à ses habitudes !

Sous l'entassement des maisons, des immeubles et des rues, le rivage peigné de sable blond s’abandonne volontiers aux rouleaux cadencés de la Méditerranée. Les Tangérois, de tout les ages considèrent ʺLa Plageʺ[1], étirée au cœur de la ville, comme leur aire de jeu ancestrale et légitime. Mes parents, en quête de quiétude à l'encontre d'éventuel mélange d'avec les indigènes, s'acquittaient annuellement et pour toute la famille du forfait d'entrée à la plage privée du Yacht Club[2]. N'en déplaise à mon cher papa, j'ai fait sur la plage publique de Tanger, de l'autre coté des barrières barbelées, les rencontres attachantes associées à la mémoire que je retrace pour vous aujourd'hui. À huit ans, en culotte de bain les yeux rougis par le sel et les narines dégoulinantes, il reste bien peu d'obstacles à l'amour qui anime les âmes diaphanes des géants qui nous habitent. L'enfance, par bonheur, exempt des préjugés d'adultes, n’inhibe pas son élan d'amitié par des concepts abscons comme le grain de la peau, le crêpé du cheveux, la musique du langage, l’anguleux des côtelettes, pas plus que par le rapiécé du vêtement ou les différences des quartiers où chacun habite.

La première fois que j'ai vu Redwan, son visage tranquille et frondeur, m'a immédiatement conquit. Une tignasse exubérante, des épaules en portemanteaux, le thorax osseux, des genoux cagneux et la ramure filiforme, il avait une grosse tête posée sur un corps dynamique et efflanqué. Il a suffit qu'il éclaire son visage d'un sourire abondant de dents blanches et qu'il allume le brasier de bienveillance espiègle au fond de ses yeux noirs, pour que je me livre sans retenu au magnétisme fier qu'il émanait. Lorsqu'il m'apparut obstruant mon soleil, les bras croisés sur le torse, les pied plantés dans le sable, il me toisait d'un air moqueur. Moi accroupis dans le ressac je délibérais, penaud, de la méthode qu'il convient d'employer pour se saisir d'une sole enfouie sous le sable mouillé du bord de l'eau. Quand il eut pleinement savourer l'empire, mi-craintif mi-admiratif qu'il avait sur moi, il tirât pour finir de derrière son dos, un coutelas de fortune fabriqué d'un morceau de roseau effilé. D'un geste rapide et précis il planta son arme en arrière de la tête dans l’ouïe du poisson. Vainqueur, brandissant sa prise contre l'azur égal du ciel, il me fit signe de le suivre.

Il m’entraîna loin, très loin, de la clôture protectrice du Yatch Club tout au bout de la plage à l’endroit où l'Avenue des F.A.R.[3] se termine en cul de sac et disparaît sous une bousculade de dunes contiguës à la plage. Là, nous retrouvâmes, entre les bosses sablonneuses,  deux gamins assis autour d'un feu de bois flotté, un carré de fer biscornu fumant par dessus. Redwan sans chichi lâcha la sole sur la plaque ardente où elle commença aussitôt de grésiller. Puis, d'un geste de la main, m'indiquant de m’asseoir et dans un français qui ne s’apprend pas à l'École Berchet[4] il me présenta aux deux gosses qui m'observaient avec curiosité en se demandant pourquoi, celui qu'ils considéraient à l'évidence comme leur chef, s’embarrassait d'un niais de l'autre bout de la plage. Pourtant, Rachid se fendit d'un sourire franc dans un visage ouvert. Chérif, la peau noire brillante à la physionomie ronde du contentement gloussait de dérision. Ce jour là, entre les buttes, tous les quatre nous brûlant les doigts et la langue de la chair cramée d'un poisson, un pacte d'amitié se lia qui aujourd'hui encore parle de nostalgie à mon cœur déraciné. Il m'arrive dans ma vie d'adulte, de rejoindre les copains au cours de mes divagations, je me les raconte en me faisant des romans. J'imagine Chérif richissime, une descendance tapageuse s’épanouissant à ses pieds. Rachid en mécanicien génial, ou en parrain astucieux d'un réseau de contrebandiers, ou les deux. Quand à Redwan, il apparaît dans mes fables tantôt guidant les touristes dans la Médina, tantôt en mollah indulgent enseignant la compassion et les lumières, ou encore en ermite assis en méditation dans une grotte secrète.

Depuis que je les avais rencontrés, aussitôt que mes pieds touchaient le sable, je m’affranchissait à tire-d'aile de la captivité du Yacht Club pour retrouver les copains. J'ai vécu entre Chérif, Rachid et Redwan l'age d’or de mon enfance. J'en garde le souvenir d'une série ininterrompue de journées ensoleillées et d'aventures à la fois coquasses, effrayantes, dangereuses, voir interdites. Dans les vagues de ʺLa Plageʺ j'échappais momentanément au carcan paternel et je posais les premiers repères de mon caractère propre.

L'été succédait à l’été et voilà que notre troupe s'enrichissait d'un nouveau membre. Un jour Redwan arriva traînant derrière lui un petit farfadet rigolo que nous adoptâmes tout de suite comme notre mascotte. Zineb, avait un physique à l'opposée de celui de son frère, elle se pelotonnait sur elle-même autant que Redwan s’élançait vers le ciel. Boulotte, haute comme trois pommes, des yeux en boutons de bottine, des dents aiguisées, elle avait un joli visage encadré par deux grosses tresses roussies au héné. Depuis qu'on l'avait acceptée dans la bande, on la trouvait en permanence, les pieds nus, dans un cafetan trop grand et rapiécé, trottinant à trois pas en arrière des grands. Peu-t-on l'expliquer par la différence des langages ou doit-on le mettre sur le compte de mes yeux bleu, il me semble bien que Zineb faisait montre de plus de timidité et de gaucherie à mon égards qu'envers les deux autres.

Nous, les héritiers impuissants, avons pleurés la métamorphose de Tanger. En conséquence des ordres égoïstes d'un souverain capricieux, nous vîmes Tanger privée de la splendeur de sa baie et de son authenticité. En quelques courtes années, le bord de mer se transfigura en une lèpre de verre et de béton toujours plus agressive qui finit par avaler la plage toute entière. Les dents acérées de ce requin là portaient des noms aussi ridicules que prétentieux. Le Shéhérazade, Le Hilton, Le Solazur, Le Mogador, Le Mirage, L'Ibis, Le Chellah, Le Marco Polo, Le Cesar, Le Rio, Le Marina, Le Palais du Calife, Le Ramada, Le Rembrandt, Le Biarritz... et j'en passe[5]. Par le truchement de ces gigantesques vautours blancs, qui refroidissaient de leurs ombres des pâtés de maisons entiers, Hassan tua dans l’œuf la possibilité d’offrir au monde une expérience sincère et véritable de Tanger. Il faut admettre, à la décharge de la couronne, que le touriste se déplace en troupeau serré et qu'il se laisse invariablement interpeller par tout ce qui lui rappelle là d'où il vient et que majoritairement il ignore les us et coutumes des lieux qu'il visite. Alors, s'il veut un steak frite agrémenté d'un peu de cresson servit sur une assiette à la façon des céramiques de Safi, de Fez ou d'Essaouira, pourquoi ne pas le lui servir ? Surtout si la trésorerie royale en fait le profit[6]... Peut-on dés lors faire un procès aux Tangérois qui, suivant l'exemple éclairé de leur bon roi, se laissèrent tenter par la cupidité. Nous les avons vu corrompre leur nature hospitalière pour la monnayer au flot incessant des agneaux. Chacun ne cherchait-il pas là un biais d'enrichir son quotidien ?

Notre territoire subit donc le bulldozer et la bétonneuse. Désormais le temps passé sur la plage relevait plus du défi Apache que de l’enivrement de vent et de liberté qui jadis gonflait nos poitrines. En effet il nous fallait, maintenant, déjouer la surveillance des chaouchs[7] pour accéder au sable. En vérité cette partie de cache cache nous excitait de bonheur, mais après la construction des grands hôtels nous n'avons jamais retrouvé la désinvolture sauvageonne de nos premiers étés sur la plage. Il fallu donc trouver des occupations à nos après-midis souvent inactives.

Un passe-temps duquel nous tâchions de nous amuser, nous employait a observer l'arrivée des ferrys qui venaient bassement se débarrasser chez nous de leur cargaison de touristes en provenance de Gibraltar, d'Algesiras de Malaga ou de Cadix. Juchés en rang d'oignons sur le mur de la rue du Portugal qui surplombe les jetées du port d'une falaise de douze mètres de hauteur, nous guettions les voitures qui sortant du pont inférieur des vaisseaux devaient nous présenter leur coffre arrière pour se diriger vers le poste de douanes. À l’époque on trouvait accolés au cul des autos un écusson signifiant le pays d'origine des autonautes. Le jeu consistait donc à remplacer la première lettre du mot 'vacance' par la lettre visible sur l'écusson. Nous voilà, nous écriant à chacun notre tour : ̶ Facance pour une voiture venue de France  ̶  Bacance pour la Belgique  ̶  Dacance pour l'Allemagne  ̶  GBacance pour le Royaume Uni  ̶  Iacance pour le l'Italie et ainsi de suite.

On pouvait aussi nous voir traîner sous les arcades de l'Avenue des F.A.R. en face de la gare ferroviaire, a étudier les joueurs de dominos, a renifler les brochettes bronzant sur les kanouns[8] ou encore a rendre de menus services aux fumeurs de Kif[9] et aux mangeurs de Majoun[10] qui somnolaient en extase dans les encoignures sombres. Sur un geste on courais chercher des allumettes, on allais quérir un verre de thé, on bondissait pour rapporter un shkofa[11] aussitôt emmancher sur le Sebsi[12]. Certes nous avons gagné beaucoup d'amis qui toujours se montrèrent généreux envers notre empressement, mais avec le recul je me demande si la fréquentation assidue de ce petit monde étourdit d’indolente insouciance ne nous a pas guidés vers ce qui allait devenir notre occupation favorite.

L’observation nous enseigna que l'estivant appréhende Tanger comme le guichet d'entrée vers un exotisme énigmatique  ̶  Tanger porte du Maroc, Maroc seuil de l'Afrique. En vérité un Maroc bien peu différent de l'Espagne qui vivote quatorze kilomètres au Nord et une Afrique encore plus bronzée que noire. Néanmoins les touristes béas qui déambulent dans les rues, tombent couramment en arrêt, caméra au poing, à la vue de l'échoppe d'Aziz le marchant d’épices et devant le déballage de Moktar le drapier. Ils se pâment là, devant l'inconcevable beauté, s'il faut les croire. L’excursionniste, lui, a la manie de s'approprier de tout ce qu'il voit en crépitant de son Canon qui sème la terreur[13]. Un petit âne exténué, une porte rouge, une enfant qui tend la main, un aveugle le nez dans les parfums du vent, le porteur d'eau bigarré de pompons multicolore, une montagnarde sous un chapeau à large bords qui affiche l'appartenance à son clan par la rayure traditionnelle de son vêtement.

— Quel sans gêne ? Doivent-ils continuer ainsi, ces ignorants impie, a effrayer les brave gens en volant les âmes ? N'ont-ils donc jamais rien vu ?

Mais, malgré leur comportement bruyant et cavalier, il subsiste dans le regard des tout-tristes une ombre d’anxiété apeurée qui suggéra, un jour à Redwan l'idée de leur servir de guide. Habitant lui même dans les hauteurs, une rue adjacente au Fort de la Kasbah, Redwan proposait que nous fassions découvrir aux vacanciers, la partie ancienne de la ville et la Médina proprement dite. Le visiteur aurait alors la chance de faire une exploration éclairée du labyrinthe. En vertu de notre connaissance intime du terrain, le droit de partager l'amour que nous portions à nos rues, nous revenait à juste titre. Il va sans dire que nous comptions bien sur quelques piécettes comme juste récompense de nos efforts. Nous devisâmes donc de l’itinéraire propice pour aller à la rencontrer du figuier de la place des écrivains publique, des badigeons de chaux vive bleutée, des portes sculptées, des bassins où murmure l'eau des fontaines, des galeries ornées de fresques fanées et de la verdure qui escalade les murailles des jardins secrets. Clou du spectacle, à mesure que l'on monte vers le Fort, les panoramas ahurissants qui vous happent ici au coin d'une ruelle, là en haut d'un escalier.

S'il nous fallu quelques tentatives pour comprendre la psychologie du voyageur, nous finîmes par mettre au point la manière qui devait nous servir maintes fois et qui a donné forme à l’idée du tourismotourisme. Par soucis d'efficacité et pour mieux inspirer confiance nous nous étions séparé en deux groupes. Rachid en compagnie de Chérif, Redwan et moi naturellement remorquant Zineb dans notre sillage. Il convenait donc d'aborder aimablement le client. On le sélectionnai de préférence seul, en couple ou en famille... mais justement en voilà une qui s'approche.

Lui, grassouillet, caméra autour du coup, déjà transpirant. Elle décharnée, avance guindée dans une robe coupée au dessus du genou d'un synthétique moderne et criard. Elle a un morveux de sept ans accroché à ses jambes. Dès qu'il aperçois les boucles ou les yeux foncés d'un gamin de son age, il s'autruche illico dans les jupes de maman. Autant dire que le mioche avance en apnée. Trois mètres en arrière du groupe, traîne une adolescente d'environ treize ans. Queue de cheval qui balance par derrière sa tête, de grosses lunettes noires qui lui masque le devant. Elle se coltine une démarche faite de mépris, d’indépendance et de dégoût.

Redwan me balance un coup de coude : —  Chouf[14], des facances.

Il s'agit maintenant de pas effrayer le quidam. Émergeant du clair-obscure de l'arcade, j'opte pour l'approche frontale, le regard franc, mais attention pas insistant. J'avance lentement leur donnant le temps d'apprécier ma belle petite gueule d'amour. En arrivant à leur hauteur je propose dans un français impeccable :

—  Une petite visite de la Médina messieurs dames ?

Au ralentissement à peine perceptible de son allure, je sais que la corde a vibrée.

—  Grand Socco ? Petit Socco ? Bab El Mansour[15] ?

Il se tourne vers elle, interrogateur. Ça sent bon pour moi. De la panoplie de mes sourires je sort celui de l’honnêteté candide, et sans laisser à madame le loisir de cogiter j'ajoute :

—  Fort de la Kasbah ? Palais Moulay Hafid ? Les plus belles vues de Tanger ?

Elle demeure le visage hermétique, pourtant ses épaules ont un petit soulèvement et ses yeux s'y prêtent : « Pourquoi pas ? » Lui, s'arrête pour me considérer d'un regard soupçonneux, le reste de la famille s'immobilise derrière lui. Ferré ! La corde se tends, il me jauge et commence a négocier. Aguerri au principe qui énonce que le touriste, neuf fois sur dix, payera la moitié de ce qu'on lui demande, j'annonce un prix de vingt Dirhams. Il m'en propose dix. J'accepte, à la condition qu'il paie d'avance. Marché conclu, et nous voilà parti.

Nous amorçons l’ascension par la Rue de la Marine. Nous traversons le marché sur la place du Petit Socco pénétrée des odeurs de la coriandre et de la menthe fraîche qui se marient à l'épices, la pêche et la viande. Nous laissons les boutiques de vaisselle et d'ustensiles en fer blanc. Plus haut nous débouchons le souffle court dans le bassin du Grand Socco. Au milieu du nuage de poussière soulevé par les autocars, la marée humaine nous engloutie. Nous nous frayons un passage parmi les voyageurs, attablés sur le trottoir, qui dévorent la soupe de fèves chaude proposée par un boui-boui crasseux. Téméraires, nous franchisons la rue. Sur le terre plein qui occupe le centre de l'agora, nous déambulons au milieu d'une foule, a l'attention, devant les conteurs, les acrobates et les charmeurs de serpents, un paradis pour les pickpockets. Au delà de cet ménagerie, nous avançons sous les frondaisons des deux jacarandas colossaux qui couronnent le marché du pain. Les vendeuses accroupies arrangent sur leur kilim[16] des pyramides de pain encore chaud. Nous débouchons dans le calme de la rue Sidi Bouabib où nous entrons visiter le cloître du Palais Moulay Hafid. Nous admirons un instant les magnifiques portes de cèdre sculpté, ornées de heurtoirs monumentaux en cuivre travaillés. Nous poursuivons par l'enfilade de la rue d'Italie pour pénétrer, à l'angle de l'Avenue Tétouane, dans le quartier des tanneurs où règne puanteur, saleté et gadoue. Toujours un succès avec les dames. Moi, gredin, je jubile de leur inconfort. Je pourrais ressortir immédiatement par la Rue El Jadida, au contraire je prends malicieusement le chemin qui longe les bains nauséabonds. Nous fuyons la pestilence par l'Avenue Ibn Al Abbar. Nous dépassons le cinéma Alcazar, temple de l’esthétisme kitsch qui charme autant qu'il amuse par sa faiblesse pour la meringue de plâtre aux couleurs pastels. Nous franchissons Bab Gzenaia pour pénétrer au delà des remparts dans la Médina véritable. Nous coupons L’Esplanade du Sbou cernée des échoppes de cristal côté ville et des marchant d'or côté Médina. Enfin nous attaquons l'ultime grimpée par la Rue Tijania. Rythmée d'orangers et de citronniers, cette voie en escalier de marches larges et faciles, monte vers le point culminant de la Médina. À la mi hauteur nous faisons un détour par le tombeau Ibn Battuta, l'explorateur Berbère du douzième siècle reconnu et respecter pour ses récits de voyages. Nous voilà tout en haut de la Médina sur le parvis du Fort de la Kasbah. Une vue grandiose à 180º s'ouvre sur la rade et le détroit de Gibraltar. Tandis que la famille s'extasie devant le spectacle de la baie azurée, je disparaît dans une petite rue et par la porte entrouverte de la maison de Redwan, les plantant là pauvres pigeons.

En embuscade sur la terrasse qui surplombe le site nous espionnons nos poires. Ils s’agitent. Lui marche de long en large. Lance une œillade inquisitrice à l’entrée des ruelles, les bras ballants, la mine défaite. Elle, elle l’engueule tout simplement.

Nous guettons patiemment l'ombre du désespoir sur leur physionomies, celle qui fera de Redwan un sauveur inespéré quand il apparaîtra sur la place déserte. On l'aborde, il fait mine de ne pas comprendre. Il fait semblant de continuer son chemin. On le retient par la manche, on le submerge de suppliques alarmées. Pour finir, le visage éclairé d'entendement Redwan propose :

—  J't'y amène a la gare des trains missiou ? Ci pas loin dix minoutes, t'y vou missiou. Wakha[17] ? Tout di suite j't'y montre, quarante Dirhams, Wakha ?

Comme prévu il en obtiendra vingt.

**************

Plus tard on se retrouvera chez le glacier de la Rue Goya. Double chocolat pour Redwan. Chocolat pistache pour moi, et pour Zineb vanille fraise qui lui empoissera les doigts en dégoulinant tandis qu'elle me dévore des yeux.



[1]À Tanger la plage n'avait pas de nom avant les grands développement immobilier des années 68 à 72, les Tangérois disait simplement La Plage.

[2]Seule plage privée de mon enfance. La plage du Yacht Club s'étendait, adossée à la digue du vieux port dans la partie la plus occidentale de la baie. La séparation se faisait par des poteaux aux couleurs rouge noir et jaune qui soutenaient des fils barbelés.

[3]Avenue des Forces Armées Royale, aujourd'hui Avenue Mohamed VI.

[4]École primaire française de Tanger.

[5]Chacun de ces hôtels morcelant la plage publique en autant de baignade privées, obligeant les Tangérois à rechercher l’accès aux vagues toujours plus loin le long de la baie.

[6]On sait par les archives publiques que la majorité des investissements qui ont financé la défiguration de la baie de Tanger venaient du roi Hassan II, des membres de la famille royale et des proche du pouvoir.

[7]Gardiens.

[8]Brasero portable.

[9]Cannabis mélangé à un peu de feuille de tabac et haché fin. Le Kif a la consistance d'une persillée.

[10]Pâte composer de dattes et figues mélangé à du hachisch.

[11]Petit fourneau de terre cuite placé en bout de la pipe du fumeur de Kif.

[12]Pipe du fumeur de Kif.

[13]Au début de l’arrivée massive des touristes les gens fuyaient les photographes. Plus tard il se feront simplement payer pour autoriser qu'on les prenne en photo.

[14]Regarde

[15]Porte El Mansour

[16]Tapis de prière

[17]D'accord

 

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25 novembre 2014

Une semaine kafkaïenne ou aurovillienne?

TAJ    18 Novembre 2014

Écrire avec Kafka


Mercredi 12 Novembre 2014
Ce matin Jo a trouvé un petit serpent lové derrière l’un des sacs en tissu que nous
gardons dans le débarras. Il fallu aller chercher le jardinier qui avec un simple balai
et une petite pelle se saisit de l’animal. Nous devisâmes de la sagesse qu’il y aurait
à lui couper la tête, finalement nous l’avons laissé glisser dans l’herbe après l’avoir
éloigné quelque peu.


Jeudi 13 Novembre 2014
La pluie tombe en trombes interrompues. Cela fait un bien fou de savoir que la nappe
phréatique est entrain de boire tout son saoul !


Vendredi 14 Novembre 2014
Au magasin de légumes, je suis mêlé à l’animation des chalands. L’oeil observe la
chorégraphie d’arabesques qu’ils exécutent les un autour des autres. Je m’amuse que
l’achat de pommes de terre puisse ainsi susciter des mirages de tutus.


Samedi 15 Novembre 2014
Cet après-midi en moto, j’ai croisé A. paré d’un sourire figé. Comme je sais qu’il est
l’un des promoteurs des enseignes au visage de lunes joviales qui se sont balancées
dans les branches de nos arbres récemment, je n’ai pu m’empêcher intérieurement
de questionner ce sourire. Comportement fraternel ou politique ?


Dimanche 16 Novembre 2014
Assis sur notre terrasse, j’observe le vol des oiseaux chassant les libellules. Ballet
funeste et cruel ; les libellules avalent les moucherons et en retour sont cueillies par
le bec à la précision implacable des oiseaux. Je prends mentalement des paris sur
lequel des volatiles postés en haut des arbres alentour fera la prochaine victime.


Lundi 17 Novembre 2014
Quand Kartik, le conducteur de travaux, est monté sur la terrasse pour vérifier
le travail du maçon, j’ai vu un éclair de mécontentement traverser ses yeux. Lui,
d’habitude calme et composé s’est révélé courroucé et abrupt. Rapide comme une 

ondée d’été l’orage passe, il se tourne vers moi et nous continuons élevés par le 

sourire radieux que je lui connaîs.


Mardi 18 Novembre 2014
Ce matin, en allant vider les ordures, j’ai trouvé qui se reposait dans l’herbe tendre et
humide, un diamant brut de la taille d’un oeuf de poule. D’un aspect blanc laiteux
inintéressant et à la surface rugueuse voir crevassée, personne ne l’y avait remarqué.
Il trône maintenant au milieu des cristaux multicolores de Jo. Faut pas le dire, c’est
un secret.

7 octobre 2014

Les métiers imaginaires dont rêvent les écrivains d'Auroville

ARLET

LA FEE DANS LE TABLEAU 
Un grand tableau
Aux dimensions demesurées 
Hors norme et plutot dans les trop 
Etait majestueusement posé 
Sur un support bien carré 
Aux proportions déterminées .....
Au dedans 
Ds son infiniment grand 
Mêlant le bleu du ciel 
Dans le brun couleur miel,,,
Une tranparence laissait paraitre
Un filet de lumiere fin a son fete ....
Perdue dans cette image 
Je me laissais aller a l'ouvrage 
De sentir les couleurs 
au plus profond de mon labeur..
Le pinceau a la main 
Je me lançais au petit matin
Pour une nouvelle touche de cepia
Qui soudain m'entraina
Dans une douce meditation 
Avec ....passion 
A mon reveil....
De cette brève errance
J'allais alors avec merveille 
Mêler le jaune à outrance ....
Quand soudain apparut 
Là ...Devant moi 
Minuscule comme un pois 
Une fée entièrement nue 
Aux douceurs angevines 
Et à l'allure  caline ..
Une baguette ,,,de la main 
Elle agitait 
D' un doigt malin 
Elle tournoyait ........
Ses petits seins fragiles 
Se gonflaient soudain graciles 
Et devenaient presque agiles 
De rondeur 
D'apesanteur ...
Elle avait un sourire d'enfant
Et clignait de son oeil savant 
En me regardant ..
Surprise et réjouie a la fois 
De voir une fée devant moi 
Se transformer en campanule 
faire des arabesques et des bulles
Avec sa bouche en forme de fleur 
Elle lança ,,,dans ma torpeur ....!!
Je suis ici ...n'ait aucune peur ...!!
Je vais finir ta toile 
En y mettant un léger voile 
dans une envolée lyrique
Sur un fond de ton brique ...
Alors , je lui passais mon pinceau 
Et en un tour de main 
Le décor devint plus beau 
Qu'un champ de jasmin ..
On s'est quitté 
Sur un baiser 
Enchantée;
De cette douce fée..
GILDO
Le ciseleur de bananes !

Le ciseleur de banane n'est pas un des plus vieux métier du monde comme la fille de joie dans sa maison close ou sur le trottoir. Non, il est même relativement récent puisqu'il est né suite à la publication, il y a quelques années seulement, des directives européennes relatives à la forme que doivent impérativement avoir les fruits et légumes commercialisés sur le marché européen.  La courbure standard de ces deux produits définie avec la précision de l'horloger suisse concerne non seulement les bananes mais aussi les concombres, les aubergines et autres courgettes.

 

Ces ciseleurs de fruits et légumes arpentent donc quotidiennement au milieu de la nuit et par légions  les allées du méga-marché frais de Rungis dans la banlieue parisienne. Efficacité oblige, chacun normalement est spécialisé dans soit un fruit soit un légume, rarement un fruit et un légume ou deux fruits ou deux légumes…

 

Ce métier n'est pas rémunéré. Chaque ciseleur doit récupérer les déchets de son ciselage pour en faire d'excellentes compotes, confitures ou autres fruits confis et des plats cuisinés comme les soupes juliennes ou encore des pizzas végétariennes sans oublier les jus exquis de fruits ou de légumes.

 

Les ciseleurs les plus doués et entreprenants arrivent à faire fortune, des fortunes parfois colossales qu'ils se gardent bien de réinvestir dans le commerce des fruits et légumes. Ils préfèrent investir en bourse et acheter des actions Total, Facebook, Microsoft et que sais-je encore. Ils s'entourent de gestionnaires de fortunes compétents , le plus doué et très prisé n'étant autre que DSK Investment Bank.

 

Les héritiers de ces ciseleurs ne pensent pas à faire le métier de leur père préférant des activités plus prestigieuses et encore mieux rémunérées comme les nez créateurs de parfums, stylistes de mode et chirurgiens re-modeleurs de seins ou recouvreurs de virginité.

 

 

 

ROBERT
                                                                                 
 LE PLONGEUR DE TOISONS

Il existe de vieilles légendes qui remontent si loin dans les temps anciens qu’il fallut creuser plus de mille mètres dans le sol de ce que l’on appelle aujourd’hui la Nouvelle Terre des Confins du Grizzly et encore cette excavation n’en était que le fastidieux préambule puisque encore fallait-il y reconnaitre et classer laborieusement les écrits et pièces éparses qui aujourd’hui donnent vie à la légende du « Plongeur de Toisons ».

En ces temps plus qu’anciens, les populations d’alors vivaient sous un système très élaboré de castes comme aujourd’hui on en voit encore dans certaines contrées non encore complètement acquises aux bienfaits de la structure consommaticopolitique en vue de l’éparpillement des consciences enclavées, communément appelé SCECE.

Revenons à nos moutons puisqu’ il s’agit ici bien sûr de toisons. De cette ancienne société des Confins du Grizzly il faut retenir une réalité ixexpugnable, c’est à dire le climat, cela se passait dans l’Eocène, autre formulation pour dire Ere Glaciaire et le rôle du Plongeur de Toisons n’en était que plus important. Vu le climat qui y régnait, chacun des citoyens devait se revêtir une toison chaque matin qu’il honorait, il ou elle devait donc s’affubler du haut vers le bas et de droite à gauche, sans oublier du devant vers l’arrière, d’une épaisse toison de mouton préhistorique communément appelé Excoteletterus.

Imaginez une population qui déambule au petit matin dans les rues de la bourgade tous vêtus de toisons semblables, blanches et épaisses, cela ressemble à s’y méprendre à un troupeau , ne croyez-vous pas ?

Sous l’impulsion d’un souverain dont la légende court encore sous terre, Ovin le dixième, fut créée la caste des Plongeurs de Toisons, ainsi selon le rôle de chacun il était assigné une couleur et certaines vertus correspondantes à la toison revêtue et les Plongeurs étaient devenus au fil du temps les maitres invétérés des vertus toisoniques. De savants mélanges d’herbes, de poudres enchantées et de minéraux rares étaient utilisés lors des trempages qui parfois pouvaient durer quelques années.

Ainsi le rouge était réservé aux gardiens de l’ordre appelés aussi les Gallus Coercitus. Outre le blindage de leurs toisons, la couleur les protégeait de certaines conséquences fâcheuses  lors de la répression de certaines manifestations des sous-classes, telles le déversement de liquides organiques qui ne venaient en aucun moment ternir la digne robe des matamores publics.

Et ainsi de suite, étaient consacrées ensemble couleurs et occupations par la Guilde des Plongeurs de Toisons.

( Prochain épisode :  La Schroumpfette Polaire )
TAJ

Un métier imaginaire
Enfant, j’ai connu un homme étrange, dans une ville pas très loin d’ici, au coeur
d’une cité dortoir, de l’une de ces banlieue retirées au visage gris que l’on trouve à la
périphérie de nos grande villes et qui sentent bon le mérite, le prolétariat et la Harissa.
Son accoutrement qui était sans équivoque celui du genre masculin me fais dire “ un
homme ”. Mais en seconde observation on remarquait la figure élancée, la finesse des
articulations, le port de tête, les pommettes hautes qui encadraient des yeux doux et
surtout les mains blanches longues et fines qui auraient tout aussi bien pu faire penser
qu’on avait a faire à une femme. À moins qu’il ne ce soit s’agit de l’un de ces êtres
rares et singuliers à qui la nature à fait don des deux sexes.
Sous une redingote noire élimée, qui jadis avait dû connaître les feux de la rampe, se
trouvait un vieux tricot de coton gris dont la capuche était en permanence relevée sur
la tête et qui déclarait U.C.L.A. en grosses lettres au pourtour blanc et angulaire. Des
jeans fendus aux genoux bien avant que ce ne soit chic tirbouchonnaient aux chevilles.
Pour finir des chaussures de ville noires a bout carré, un petit peu trop grandes, et qui
avait probablement, dans leur vie avant les Emmaüs, arpenter la moquettes des bureaux
du centre ville. Voici les oripeaux dont il se revêtait et c’est pourquoi je continuerai a
l’appeler “ il ”.
Il, donc, poussait devant lui un chariot de super-marché rouillé avec une roue folle et
dans lequel se trouvait un bric a brac incohérent. Je pouvais y apercevoir une collection
d’objets hétéroclites. Un tube au néon, une râpe à fromage, du câble électrique, un
rouleau de papier à tapisser, une louche, une paire de tenailles, un tutu, une chaîne
d’arpenteur, des patins à roulettes, une vieille guitare écaillée à laquelle manquait deux
cordes, une balance portant une mention rouge en lettres cursives : Charcuterie Bonnot,
une batterie de voiture, des échasses, des béquilles, quelques magazines coquins, une
plaque bleu roi sur laquelle on pouvait lire : Rue du lac – Vème arrondissement. Voilà
certain des objets que j’arrivais a distinguer dans cet amas disparate et dont mon regard
n’a jamais pu sonder les profondeurs.
J’avais douze ans, nous nous étions lié d’amitié et j’avais pris pour habitude de
l’escorter dans ses pérégrinations quotidiennes aussitôt que ce sacré Charlemagne
m’en accordait le loisir. Tous les jours, il couvrait des kilomètres d’une marche lente
et calme sans se préoccuper du chaos environnant, et sans non plus se soucier que je
le suivisse trois pas en retrait. Il arrivait qu’il s’arrêta pour un motif incompréhensible.
Soudainement il restait là suspendu dans sa marche, les yeux fixés sur quelqu’un ou
quelque chose qui accaparait tout son être sans que je ne sois jamais arrivé a distinguer
ce que ce fut. Le plus souvent les causes de ses détours ou de ses haltes étaient limpides.
Je l’ai vu aider de vieilles dames à traverser la rue. Je l’ai entendu raconter l’histoire

de la culotte à deux trous à des pompiers exténués, noir de suie. Il était généreux de

petits gestes ; refaire un lacet, sourire a un gendarme, faire une marelle en portant la

petite africaine paraplégique de la tour C dans les bras, ou encore redresser in extremis
la main d’un enfant distrait quand la boule de glace allait s’échapper du cornet. Une
fois même je l’ai vu recoudre un bouton rouge sur le manteau bleu d’un petit garçon.
Il arrivait qu’il s’arrêta plus longtemps pour tenir un moment la main d’un vieillard au
regard vide qui débordaient de larmes. Sa journée n’eut pas été complète sans une visite
à la petite mémé assise sur une chaise pliante dans un recoin du centre commercial.
Chaque jour il venait lisser ses cheveux blancs, lui murmurer des douceurs à l’oreille
et chaque jour sans faillir il l’embrassait tendrement sur le front avant de s’absenter.
Un jour nous avons rencontré une fillette d’une huitaine d’années qui sanglotait à
chaude larmes, assise sur les marche du perron de la tour où elle habitait avec ses grandparents.
Tous dans la cité connaissait l’histoire tragique de cette enfant. Quinze jours
plus tôt elle avait été faite orpheline dû au mauvais fonctionnement cruel d’un passage
à niveau automatique. La Renault 4 de papa, maman, n’avait pas fait le poids face à
la masse d’un train lancé à toute vitesse. La pauvrette n’en pouvait plus de sangloter,
elle venait de perdre son ballon jaune, un cadeau que ses parent lui avaient fait pour la
consoler de l’abandonner pour un jour à la garde de ses grand-parents, ce jour maudit
qui n’en finirait jamais. Assis à coté d’elle sur les marches, une larme a roulée sur la
joue de mon compagnon lorsqu’elle lui racontait son chagrin. Il y eu un flottement
incertain et pour la première et dernière fois j’ai vu mon ami affligé du visage de la
désolation. Finalement une lueur se format au fond de ses yeux qui se transforma en
étincelle. Il prit la fillette par la main et l’emmena sur le toit de l’immeuble. Là, allongés
à plat dos sur le gravier du toit, ils devisèrent sans se presser de toutes les formes qu’ils
apercevaient dans les nuages au dessus d’eux. Enfin ils virent passer les parents de
l’enfant qui jouaient à se lancer le ballon. Je crois même qu’ils échangèrent des signes
de la main. Finalement ils redescendirent avec des hurlements de joie. Ils franchirent
la porte du rez-de-chaussée, l’angelot juché sur les épaules de mon camarade riant à
gorge déployée, tandis qu’il sautillait en esquissant des pas de samba.
Une fois nous discutions des choses importante de la vie assis sur un muret au abords
d’un terrain vague. Nous échangions sur la couleur du vol des oiseaux, le souffle
des feuilles qui poussent, le sommeil de la terre glaise, le poids d’un sourire. Nous
avions d’autres considérations tout aussi essentielles : la musculature du vers à soie, la
longévité des câbles d’ascenseur, le système de refroidissement des volcans ou encore
le quotient intellectuel du Président de la République. Nous parlions a l’infini et nous
nous amusions beaucoup. Pourtant un jour je gaffais, je lui posait une question sérieuse :
« Que fais-tu pour survivre ? » lui demandais-je.
« Comme tu y vas mon jeune ami ! Me rétorqua-t-il aussitôt. À t’entendre on pourrait
croire que la vie est une épreuve qu’il nous faut surmonter, dont il faudrait survivre.

Sache, frère, que la vie se passe parfaitement bien de moi ou de toi. La Vie se charge

de vivre, moi je n’ai rien d’autre à faire que d’être. »

Cette réponse sibylline ne satisfaisait pas ma curiosité, j’insistais :
    « Oui, mais je voulais dire, quel est ton travail ? »
Un sourire frondeur illumina son visage et il me répondit en me baignant d’un regard
chaud et pénétrant :
     « Je suis l’assommeur de soucis, le bousilleur de chagrin, le démolisseur de tristesse,
le flingeur de cafard, l’étrangleur de douleur, le refroidisseur de larmes, le pourfendeur
de contrariété, le zigouilleur de mélancolie »
Il se mit a fredonner :      Donnez moi vos chagrins,
                                     Je vous rends des lapins.
                                     Lancez moi vos soucis,
                                     Je les tourne en ouistitis.
                                     Offrez moi vos malheur,
                                     J’en ferais de la crème au beurre.
Peu de temps après cette conversation il s’évapora à jamais. Il sortit de ma vie comme
il y était entré sans fanfare ni violons. Au cours des années j’ai gardé un bleu au coeur,
sondant le rôle qu’avait pu jouer ma question indiscrète dans la disparition de mon ami.
Aujourd’hui l’adulte que je suis devenu en arrive à se demander si j’ai vraiment
connu cet être exceptionnel ou si mon imagination d’enfant en créa la forme et la
présence pour m’évader de ce quartier triste et opprimant. Cela se peut. Mais ma
mémoire s’embrume et je ne suis plus sûr de rien.
Ce qui reste c’est un exemple, une inspiration, une aspiration et la conviction profonde
qu’un sourire aide mieux qu’un conseil, une caresse soigne mieux qu’une potion.
                       Déroulez vos désespoirs,
                       En voilà des perchoirs.
                       Étalez vos douleurs,
                       Ce sont des crayons de couleurs.
                       Envolées vos peines,
                       On en a fais des baleines.
….

 

4 septembre 2014

Que cachent les Aurovilliens dans leur sac?

ARLET

photo (800x598) 

Autour d’un badge improvisé                                  

Non ce n’est pas une énorme pièce de « monné »

Non ce n’est pas un réglisse enroulé

Non ce n’est pas un bonbon à sucer !

Il est rond comme un cercle parfait ; cerné

De métal sur son contour, retourné

De couleur jaune-indélébile-ocrée-

A souhait, il est émaillé

Et d’un aplat parfait style boutonné

Aucune faille-sa couverture est lissée

Pour que le doigt puisse glisser

Et ne s’arrête pas de le faire tourner…

Un léger bruit s’en échappe s’il est choqué

Par un quelconque objet métallique sur sa texture galbée

Un message écrit de lettres majuscules noirées

Se détache de son fond soleillé

Un grand cœur rouge sang dans le centre est dessiné

Et nous en dit long sur l’info qu’il semble véhiculer

-Serais ce un message d’amour volé ?

Rouge sur jaune-jaune dans rouge à l’arraché

Le sang sur la lumière jaunée

-serait ce une publicité ?

Car les lettres qui ne sont point penchées

Semblent rebondir d’un puits de couleur imprimé

Je lis l’objet, je le fais virevolter

J’étudie l’information donnée !

Je le retourne-je le palpe au touché

Avec l’index et l’annuaire bagué

Je joue de cette grosse pièce métalliquée

Qui a sur son verso une épingle fixée

Pour que l’on puisse l’accrocher

Sur un support de cotonnade- se l’approprier

Il est enfin positionné

C’est un de ces objets qui me fait rêver

On me l’a offert par amitié

 

TAJ                                Ce qu'il ya dans mon sac

Trois badges 'I Love',

Trois stylos, deux gris, un rouge, trois noirs,

Une paire de lunette aux verres neutres,

Quatre vieilles carte de visite,

Un maigre petit carnet avec peu de pages blanches,

Deux morceaux de papier cadrillage petits carreaux,

Un mousqueton,

Pas mal de poussière,

Et beaucoup d'espoir.

 

La facture de Claudine

Personne n’a jamais prêté attention à moi au par avant.

Broyée, trempée, malaxée, la pulpe finement étalée sur le tamis du fabricant de papier, compressée, séchée, cardée, débitée, pour finir enroulée sous tension autour d’un petit tube de carton gris. Et me voilà bien à l’étroit, enfouie dans neuf centimètres de papier feuilleté sur lui-même. En fin de compte une sensation pas aussi désagréable qu’on pourrait l’imaginer. Il y a un réconfort étrange a se sentir à l’abris de l’air et des intempéries dans ce rouleau de caisse enregistreuse.

Misse en carton, transbahutée, storée pendant des mois au fond d’un carton dans un entrepôt anonyme, mon destin prenait des airs de dimanche après-midi pluvieux. Et puis un jour banal, d’une semaine comme une autre avec onze de mes semblables nous sommes expulsées de la communauté des rouleaux pulpeux et corsetés.

Ensuite les choses sont allées très vite, je revois la main gracieuse qui plonge dans la boite. Qui déchire l’emballage et qui charge le rouleau dans l’imprimante. Moi, j’aurais bien aimé un peu plus de tendresse, un peu plus de douceur...

Et maintenant le rouleau se met en mouvement avec un crépitement assourdissant qui se termine invariablement avec un grand SCHWRIK pathétique et menaçant. Le temps est suspendu. La tension monte et cette appréhension qui augemente au fur et à mesure du rouleau qui se dévide. Finalement, l’effroyable constatation, je suis proche du calvaire, je n'échapperait pas à la torture.

Les quelques heures qui ont suivies me sont parue interminable, et au détour d’une ultime révolution de rouleau la sentence dans toute sont horreur m’est apparue. Une boule de métal lancée à toute allure sur la largeur du rouleau à droite, à gauche et ça recommence, droite, gauche, droite... Quand au crépitement effrayant c’est la violence avec laquelle la boule imprime dans le moelleux du chiffon des caractères marqués à l’encre noire. L’angoisse !

Hé bien allez savoir ! Pas si terrible que ça. En fait ce fût une sensation plutôt agréable, des chatouillis qui savent rester dans les limites du supportable. En se laissant aller a relaxer la surface de l’épiderme ça avait un je ne sais quoi de délicieux. Vas-y ! Vas-y, Johnny, Johnny, Johnny... Au point d’orge du dernier va et vient j’ai eu envie de crier « Regarde maman ! Moi aussi j’suis tatoué »

SCHWRIK ! A présent une émancipation, non plus un déchirement.

Nous voilà déposées sur un comptoir, car nous sommes nées siamoises. On nous sépare de part le milieu. Une dame griffonne sur la face de marbre de ma sœur et, sous mon regard horrifié, l’empale violemment sur une pique de fer. Cette même dame, très occupée à discutailler ailleurs, me ramasse d’un air distrait et, toute tremblante que je suis, me glisse dans son sac d’un geste désinvolte.

OUF ! J’ai eu chaud !

29 août 2014

Auroville 2014

photo (1)

Des filets asséchés sur la plage échoués
Sont venus composer une palette bariolée.
Leur travail accompli , dans les profondeurs de la nuit
Résistant et supportant les flots ,
Luttant contre la force glacée des eaux
Ils se battent contre ces poissons querelleurs
Qui tentent d'échapper à leurs predateurs.
Aggrippés aux mains calleuses des pecheurs
Remontant leur butin ,qu'il faudra vendre au matin.
Aprés ces combats incessants , épuisants
Ils viennent chercher un repos bien mérité
Car , ce soir , il faudra recommencer.
En attendant ,ils savourent la paix et la tranquilité
Oubliant les accros , la peine et le labeur
Ils s'abandonnent aux caresses du soleil bienfaiteur.

Jacki 

photo (2)

Nuages filants ,décor changeant
Nimbus cumulés contre vents et marées
S'amusant et glissant sur des routes invisibles
Jouant avec le vent et le temps,indicibles .
 
Parfois chargés et joufflus,menaçant et grondant
Parfois voguant vers l'inconnu,légers et insouciants.
 
Aux contours imprecis , se melent des couleurs chatoyantes
Tantot adoucies ,et souvent éclatantes.
 
Défiant l'astre solaire,vous osez l'éclipser
Pour offrir à la terre ,l'ombre tant désirée.
 
Vous suggérez pour qui sait vous regarder
Une fenetre ,un infini,des volutes
Des formes imaginées ,des visages supposés
Des glissades ,des courses et des culbutes
Mais où etes-vous passé?
 
Figures éphemères et intemporelles, sans cesse renouvelées
Tableau céleste et émotionnel où apparaissent des touches d'éternité...

Jacki

19 juin 2014

Comment voyager autrement?

Notre dernier RDV de l'année car je m'envole vers l'Asie pour plusieurs mois.

Juin 2013 La ligue 13 au bord du lac du parc Borély

JACKY

L'aérotourisme
 
Je suis là statique dans cet aéroport.
Depuis ma tour de controle je surveille ce flot incessant de voyageurs qui atterrissent ou qui vont decoller.
Décoller de quoi d'ailleurs ? de leur réalité , de leur routine , de leurs habitudes.
Dans ce grand sas , ils sont encore là et pas tout à fait ailleurs.
Certains voyagent pour affaire,pour décrocher un contrat,pour un RDV professionnel ,pour un entretien d'embauche.Je les reconnais à leur attache-case,leur costume (quoiqu'un peu froissé ) et la cravate de rigueur est à sa place..est bien sur le portable vissé à l'oreille car le temps doit être rentabilisé,éfficient,éfficace, rien n'est laissé au hasard ,pas de temps à perdre.
 
D'autres attendent fébrilement le retour d'un proche,d'un parent,d'un amoureux:le revoir le serrer dans ses bras,l'embrasser et le retrouver tout entier imbibé de cet ailleursqu'il transporte avec lui.Que les retrouvailles sont bonnes !!!
Et puis les autres qui partent,larguent les amarres pour un long cours, un depaysement ,un espoir de mieux mais ailleurs;éprouver des sensations inconnues,s'émerveiller devant des paysages et des monuments...enfin tout ce que la brochure leur a promis.
Et puis il y a ceux qui rentrent bronzés ,chargés de souvenirs ,d'anectodes à raconter,de photos à partager,de cadeaux originaux qui a coup sur feront plaisir.
 
Dans ce ballet incessant devenu mécanisé,régulé,policé et controlé rien n'est laissé au hasard:il faut suivre les fléches,attendre derriere la ligne jaune,montrer ses papiers,peser et vérifier les bagages....
Respecter les temps et les espaces et pourtant tout leur etre est tendu vers cet aprés car il faudra sortir d'ici.
Ici ce n'est pas une destination c'est un transit,un passage obligé pour aller à la case départ.
Dans cette multitude ils ne savent plus qui ils sont:écrasés par cette masse,anonyme
presque interchangeable.
 
Je suis un billet Mister ou Miss UNTEL  (tiens on ne nous parle plus en français!)
vol n° 467 à destination de BALI décollage prévu à 12h50 
Des voix suaves et des sourires charmants pour adoucir l'ambiance.
Je vérifie le panneau d'affichage j'espére qu'il n'y aura ni retard ni gréve. 
Je veux partir avec les autres,m'en aller moi aussi m'embarquer pour l'Ailleurs.

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