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Les Baladantes
4 septembre 2014

Que cachent les Aurovilliens dans leur sac?

ARLET

photo (800x598) 

Autour d’un badge improvisé                                  

Non ce n’est pas une énorme pièce de « monné »

Non ce n’est pas un réglisse enroulé

Non ce n’est pas un bonbon à sucer !

Il est rond comme un cercle parfait ; cerné

De métal sur son contour, retourné

De couleur jaune-indélébile-ocrée-

A souhait, il est émaillé

Et d’un aplat parfait style boutonné

Aucune faille-sa couverture est lissée

Pour que le doigt puisse glisser

Et ne s’arrête pas de le faire tourner…

Un léger bruit s’en échappe s’il est choqué

Par un quelconque objet métallique sur sa texture galbée

Un message écrit de lettres majuscules noirées

Se détache de son fond soleillé

Un grand cœur rouge sang dans le centre est dessiné

Et nous en dit long sur l’info qu’il semble véhiculer

-Serais ce un message d’amour volé ?

Rouge sur jaune-jaune dans rouge à l’arraché

Le sang sur la lumière jaunée

-serait ce une publicité ?

Car les lettres qui ne sont point penchées

Semblent rebondir d’un puits de couleur imprimé

Je lis l’objet, je le fais virevolter

J’étudie l’information donnée !

Je le retourne-je le palpe au touché

Avec l’index et l’annuaire bagué

Je joue de cette grosse pièce métalliquée

Qui a sur son verso une épingle fixée

Pour que l’on puisse l’accrocher

Sur un support de cotonnade- se l’approprier

Il est enfin positionné

C’est un de ces objets qui me fait rêver

On me l’a offert par amitié

 

TAJ                                Ce qu'il ya dans mon sac

Trois badges 'I Love',

Trois stylos, deux gris, un rouge, trois noirs,

Une paire de lunette aux verres neutres,

Quatre vieilles carte de visite,

Un maigre petit carnet avec peu de pages blanches,

Deux morceaux de papier cadrillage petits carreaux,

Un mousqueton,

Pas mal de poussière,

Et beaucoup d'espoir.

 

La facture de Claudine

Personne n’a jamais prêté attention à moi au par avant.

Broyée, trempée, malaxée, la pulpe finement étalée sur le tamis du fabricant de papier, compressée, séchée, cardée, débitée, pour finir enroulée sous tension autour d’un petit tube de carton gris. Et me voilà bien à l’étroit, enfouie dans neuf centimètres de papier feuilleté sur lui-même. En fin de compte une sensation pas aussi désagréable qu’on pourrait l’imaginer. Il y a un réconfort étrange a se sentir à l’abris de l’air et des intempéries dans ce rouleau de caisse enregistreuse.

Misse en carton, transbahutée, storée pendant des mois au fond d’un carton dans un entrepôt anonyme, mon destin prenait des airs de dimanche après-midi pluvieux. Et puis un jour banal, d’une semaine comme une autre avec onze de mes semblables nous sommes expulsées de la communauté des rouleaux pulpeux et corsetés.

Ensuite les choses sont allées très vite, je revois la main gracieuse qui plonge dans la boite. Qui déchire l’emballage et qui charge le rouleau dans l’imprimante. Moi, j’aurais bien aimé un peu plus de tendresse, un peu plus de douceur...

Et maintenant le rouleau se met en mouvement avec un crépitement assourdissant qui se termine invariablement avec un grand SCHWRIK pathétique et menaçant. Le temps est suspendu. La tension monte et cette appréhension qui augemente au fur et à mesure du rouleau qui se dévide. Finalement, l’effroyable constatation, je suis proche du calvaire, je n'échapperait pas à la torture.

Les quelques heures qui ont suivies me sont parue interminable, et au détour d’une ultime révolution de rouleau la sentence dans toute sont horreur m’est apparue. Une boule de métal lancée à toute allure sur la largeur du rouleau à droite, à gauche et ça recommence, droite, gauche, droite... Quand au crépitement effrayant c’est la violence avec laquelle la boule imprime dans le moelleux du chiffon des caractères marqués à l’encre noire. L’angoisse !

Hé bien allez savoir ! Pas si terrible que ça. En fait ce fût une sensation plutôt agréable, des chatouillis qui savent rester dans les limites du supportable. En se laissant aller a relaxer la surface de l’épiderme ça avait un je ne sais quoi de délicieux. Vas-y ! Vas-y, Johnny, Johnny, Johnny... Au point d’orge du dernier va et vient j’ai eu envie de crier « Regarde maman ! Moi aussi j’suis tatoué »

SCHWRIK ! A présent une émancipation, non plus un déchirement.

Nous voilà déposées sur un comptoir, car nous sommes nées siamoises. On nous sépare de part le milieu. Une dame griffonne sur la face de marbre de ma sœur et, sous mon regard horrifié, l’empale violemment sur une pique de fer. Cette même dame, très occupée à discutailler ailleurs, me ramasse d’un air distrait et, toute tremblante que je suis, me glisse dans son sac d’un geste désinvolte.

OUF ! J’ai eu chaud !

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